Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
24 mai 2017 3 24 /05 /mai /2017 15:02

Sa puissance, qui s’étend sans fin sur nos vies, nous lance un défi : céder à son appel jusqu’à l’addiction, ou s’en déprendre. En pharmacopée, le terme désigne un principe actif dont l’usage raisonné présente de riches vertus curatives, mais dont l’abus devient toxique. Ainsi de l’opium.

 

Addictif, le pharmakon produit une dépendance qui limite la liberté d’action, porte atteinte aux relations sociales autant qu’à la santé. Cette assuétude se rapporte aussi bien à des conduites (comme le jeu compulsif, le surentraînement sportif, les conduites à risques, l’abus de jeux vidéo ou d’Internet) qu’à la dépendance à des produits (tels l’alcool, le tabac, les psychotropes). Elle interroge la liberté autant que la santé, de façon si prégnante que ce questionnement s’impose comme l’un des colorants du temps présent. Elle interroge sur les effet du Trop quand ses limites s’estompent.

 

Société fructueuse contre société frugale

Le premier facteur addictif tient certainement à la dépendance au marché. Au point que, selon l’expression de Zaki Laïdi, nous sommes entrés dans une « société de marché ». Après qu’il nous ait ouvert le monde dans les pas de Marco Polo, le marché a favorisé l’abandon du soutien public aux secteurs non concurrentiels. C’est la jurisprudence Vilvorde, selon laquelle « l’État ne peut pas tout ». La redéfinition de la frontière entre secteur marchand et non marchand s’est ainsi faite au profit du premier, avant d’étendre ses pratiques au domaine des biens communs (tel le droit à polluer monnayable).

 

Escortant notre dépendance au renouvellement continu des objets, le fric s’est imposé comme la mesure de tout et la possession matérielle en horizon de la vie. Société fructueuse contre société frugale. Parallèlement, comme le souligne Marc Lebiez, une religion du nouveau a accompagné le mouvement en renouvelant l’idée de transcendance.

 

Ici ou là, certains s’efforcent de freiner dans la pente, à l’image des rares sociétés qui acceptent de sortir de l’obsolescence programmée des produits (cf. Moulinex). Mais, ils demeurent immensément minoritaires face aux fashion victims de tous ordres.

 

Empifrement de substances

Puisque tout est possible, pourquoi se priver ? Le problème n’est pas tant celui de la légalisation du cannabis ou le développement éventuel des salles de shoot, même si ce sont là des perspectives de bon aloi. Il tient en ce que ces substances, de même que le tabac, l’alcool, les amphétamines ou les neuroleptiques sont à portée de main. Légalement ou non, il suffit de peu pour s’en saisir et apaiser la violence que la société fait à ses membres par la modification des états de conscience.

 

Perceptions, en effet, car peu importe que le niveau de la morbidité ait augmenté ou non - d’autant qu’il varie d’un pays à l’autre -. Ce qui compte c’est le trouble que la personne ressent quant à ses convictions ou à la vision de sa place dans le monde et dont elle cherche à apaiser la douleur.

 

Fatwa du travail

Même dans la soi-disante « Europe heureuse », le niveau de souffrance croît inexorablement. Au point que le travail, qui depuis au moins deux siècles s’est élevé au rang de Graal indispensable à la construction identitaire. En s’automatisant, puis en se raréfiant, en introduisant en même temps des modes de gouvernance destinées à impliquer les travailleurs, le travail a fini par subir la fatwa prophétique de son étymologie attachée au tripalium (instrument de torture).

 

Progressivement, le travail-remède est devenu un travail-poison instillé via une pression renforcée sur les femmes et les hommes, soumis aux injonctions conjuguées du temps et de la performance. Des injonctions à la fois puissantes et erratiques, souvent contradictoires et imposées sans souci des conditions de leur mise en œuvre (« tu vas te débrouiller, je te fais confiance »). Dans ce monde, d’ailleurs, on ne se vouvoie plus tant les hiérarchies se sont en apparence aplaties. On se tutoie, pour impliquer non plus l’acteur de la production mais engager la personne au plus profond d’elle-même. Désormais, participer au travail c’est être élu et, avec sa foi, porter la responsabilité définitivement addictive de celui qui a voué son âme.

 

Métaphysique des moeurs

Progrès, vitesse, performance, consommation mais également loisirs, sports, sexe, imposent un véritable tsunami d’impératifs catégoriques. Ils sont les nouveaux fondements d’une « métaphysique des mœurs » (E. Kant, 1785) qui commence par l’excitation du désir, se prolonge par l’acmé du plaisir et finit dans la souffrance du sens perdu. Ces pharmaka (pluriel de pharmakon) polarisent la violence identitaire engendrée par une société qui étire à l’extrême, depuis près d’un siècle, les tensions entre des besoins en croissance exponentielle et la frustration nécessaire à leur valorisation financière.

 

Comme le soutenait J. Derrida dans La pharmacie de Platon, une pareille double polarisation, tend inévitablement à l’éviction arbitraire d’un des membres de ce jeu. Il opposait alors Socrate et les sophistes, le premier étant parvenu à éjecter durablement les seconds de la cité philosophique. Aujourd’hui, à travers la montée de la violence liée aux contradictions de la société, il faut craindre l’explosion d’une dynamique sacrificielle, dans la ligne développée par René Girard (in, La violence et le sacré). Quel sera le bouc émissaire porteur de cet effort sacrificiel ? Nombreux sont à ce jour ceux qui se pressent au comptoir de la sélection, entre djihadistes haineux, patrons voyous, pauvres incapables de s’arracher à leur situation, politiques démythifiés, presse dévaluée, régimes intolérables ou encore Europe trop tolérante.

 

Plus que jamais la philosophie impose sa nécessité pour dire la vie, l’organiser et faire face au destin. C’est Ludwig Wittgenstein qui l’affirmait : « la philosophie est un combat contre l’ensorcellement de notre intelligence par le moyen de notre langage ».

 

 

Patrick LAMARQUE

Partager cet article
Repost0
6 janvier 2017 5 06 /01 /janvier /2017 17:29

Comment dire mieux que Ben, bien qu'il reprenne une formule déjà apparue plusieurs fois depuis 2008. Alors que faire d'autre en ce début d'année?

PS ne soyez pas surpris des différences d'occitan : Ben s'exprime en provençal quand moi je reprends la formule du Sud-Ouest... mais même les Picards comprennent !

Partager cet article
Repost0
8 octobre 2016 6 08 /10 /octobre /2016 12:02
Le diagnostic partagé de la QVT

La qualité de vie au travail est une affaire trop essentielle pour être abandonnée au jeu des rapports de forces. Pour une raison simple : la santé des salariés ne peut pas se trouver prise au piège de finalités sociales divergentes entre la performance économique à tout prix et l’intérêt électoral des instances représentatives

Le partage du diagnostic suit un processus rigoureux

De notre point de vue, par-delà l’obligation juridique de l’article 4121-1 du code du travail, la QVT doit mobiliser l’ensemble des acteurs au service de la santé mentale et physique des salariés. Car chacun, à la condition d’être écoutés avec confiance, peut apporter ici une contribution utile : IRP, CHSCT, médecine du travail, direction et DRH pour prendre les dispositions collectives et individuelles aptes à résoudre les difficultés émergentes.

Pour y parvenir, il importe de partager les mots et les concepts en regardant l’organisation (publique ou privée) non comme une ossature rigide, mais comme un système capable de s’ajuster de lui-même. Il faut seulement que lui soit donnée une impulsion pertinente à travers un choix limité d’action, tant il est vrai qu’on ne peut pas tout entreprendre simultanément. Ceci posé, il devient alors possible de rechercher la méthodologie (quantitative et/ou qualitative) la mieux adaptée à l’organisation, sa structure, sa taille, les problématiques au travail.

Quel est alors le lieu le mieux adapté pour nourrir ce dialogue ? Ce peut être le CHSCT (ou l’instance qui en fait office, dans les petites entreprises), si celui-ci est suffisamment mature pour distinguer les légitimes revendications d’une action partagée. Mieux, ce peut être une instance de pilotage regroupant des représentants de la direction, du CHSCT, de la médecine du travail. L’essentiel ici est d’élaborer et d’assurer le suivi d’un plan d’action concret, amendable au fil du temps en fonction des évaluations réalisées et sanctuarisé au regard des tensions traversant inévitablement la question du travail.

Parce qu’elle fait partie de l’écosystème de l’entreprise, il importe enfin que la DIRRECTE soit tenue informée de ces orientations afin qu’elle dispose d’une vision actualisée et objectivée du dialogue social au service de la protection des salariés dans l’entreprise.

Un dispositif nouveau, inscrit dans la gestion du social

Le diagnostic partagé innove par rapport à d’autres outils sociaux à la disposition de l’entreprise. Il diffère par exemple des baromètres de climat social qui constituent des outils mobilisables à intervalles trop longs pour suivre les pulsations du vécu professionnel. Surtout, ils interrogent les salariés sur la base de questions le plus souvent fermées qui ne permettent donc pas de saisir les signaux faibles de ce qui se passe en profondeur dans les collectifs de travail comme dans l’esprit des salariés.

Il en va de même pour tous les questionnaires administrés, par exemple, dans le cadre de processus qualité, dont il n’est pas question de nier l’intérêt au regard de l’amélioration continue des services et de la production, mais qui s’attachent à cerner des démarches déjà cadrées sans, le plus souvent, s’interroger sur les contraintes pesant sur les collaborateurs.

Reste qu’il y a beaucoup à apprendre de la démarche qualité comme de la démarche projet. Notamment au regard de leur rigueur dans le suivi des actions, du souci qu’elles manifestent d’en responsabiliser les pilotes et des outils pragmatiques d’évaluation qu’elles élaborent.

Quant aux accords de méthode avec les organisations syndicales, il peut advenir que le diagnostic partagé de la qualité de vie au travail en représente l’un des résultats concrets. Cependant, une fois déterminés les objectifs, la méthodologie de diagnostic et le plan d’action QVT, ils peuvent difficilement en assurer le pilotage dans le cadre des contraintes de l’entreprise et de ses évolutions.

Le diagnostic partagé, un levier du dialogue social

Même s’il est parfois difficile à activer après une période de glaciation sociale, une fois engagé on observe généralement un développement de la confiance entre représentants du personnel et direction. Ainsi, le diagnostic partagé représente un puissant accélérateur de dialogue social, par effet systémique. Car, une fois que les uns et les autres ont commencé à se faire confiance, ils mesurent l’efficience d’un progrès pas à pas, comparé aux évolutions par à-coups obtenues sous les injonctions des rapports de forces.

Mieux, les acteurs sociaux (et avec eux le personnel) y apprennent les vertus d’outils de suivi partagés qui rendent intelligibles les orientations et compréhensibles le fait que les résultats s’engrangent après un processus évolutif duquel chacun ressort victorieux, plutôt qu’amère d’avoir multiplié les concessions.

Enfin, il renvoie aux salariés la double image positive de la prise en compte de leurs difficultés et de se voir considérés comme des citoyens de l’entreprise au lieu d’en être de simples sujets.

C’est pourquoi, sans regarder la démarche de diagnostic QVT partagé comme une panacée (il reste nombre d’espace aux tensions et rapports de force), celle-ci se présente comme un des meilleurs outils disponibles aujourd’hui pour corriger les effets négatifs du travail contemporain et développer le consensus dans les organisations.

Partager cet article
Repost0
10 février 2016 3 10 /02 /février /2016 13:43
Voulez-vous résister au stress ?

Pourquoi certains font-ils une « crise de nerfs » s’ils attendent plus de cinq minutes à un guichet quand d'autres patientent? Comment se fait-il que certains trouvent plaisir à sauter en parachute quand d’autres tremblent à l’idée de prendre l'avion? Que dire à ceux et celles qui ne se remettent jamais de la mort de leur conjoint ?

C'est en grande partie une question de personnalité et d'expériences de vie. Mais l'intensité de la réaction dépend essentiellement de la perception par le cerveau d’une situation plus ou moins dangereuse, contraignante ou exigeante.

Un mécanisme d’alerte

Le processus mental mis en marche par l'apparition d'un agent stressant (appelé « stresseur ») comprend deux étapes.

D’abord, le cerveau évalue la dangerosité d'un stimulus. Dans quelle mesure est-il mauvais pour moi? Pour une large part, cette évaluation se fait de façon inconsciente, à l'aide de perceptions, de pensées, d'émotions, de concepts et de raisonnements éminemment subjectifs. C’est au cœur de cerveau le plus archaïque ( le cerveau « reptilien » que nous partageons avec l’ensemble du règne animal) que sonne l’alerte. Mais, avant de procéder à la mobilisation de nos ressources, un tri se fait dans le cortex frontal, afin d’évaluer la réalité de la menace.

À l’occasion de ce tri, nous évaluons nos ressources disponibles pour faire face. Ces ressources peuvent être de diverses natures : physique (ai-je la santé, la force, l'énergie?), matérielle ( pourrais-je trouver l'argent, l'outil, le support ?), sociale (mes amis, mes collègues, ma famille peuvent-ils m'aider?), psychologique (suis-je capable? Cela en vaut-il la peine?), et aussi, ai-je le temps ?

Plus les réponses à ces deux questions sont négatives, plus le signal envoyé par le cerveau au métabolisme est à un niveau élevé d'alarme, plus les réactions physiologiques sont intenses pouvant aller jusqu’à l'évanouissement, voire à la crise d'apoplexie.

La thérapie cognitivo-comportementale

Les approches qui visent à aider de façon durable les personnes aux prises avec des problèmes de stress - ces programmes dits de réduction ou de gestion de stress - axent une partie importante du travail sur la modification de l'attitude. Celle adoptée jusqu'à présent pour ce type de stresseurs est peut-être nocive.

Selon les théories actuelles de l'apprentissage, une grande partie du comportement humain est le résultat de ce qui a été appris (par opposition à ce qui est inné) et ancré au fil d'innombrables expériences de renforcement. Pour apporter un changement, il faut rendre conscientes les pensées (le processus cognitif) engendré par les agents stressants et comprendre comment elles déterminent les réactions émotives et le choix des stratégies d'action.

Changer la façon dont fonctionne le processus cognitif dans une situation donnée, soit opérer une « restructuration cognitive » consiste à modifier la façon dont on se comporte dans une situation donnée. Tel est l’objet de la thérapie cognitivo-comportementale.

Le lâcher-prise

Lorsque, dans le noir, on prend la corde enroulée dans un coin pour un python, on a aussi peur que s’il s’agissait d’un vrai. La thérapie cognitivo-comportementale Intervient ici pour développer des mécanismes de vérification, susceptibles d'améliorer la justesse de nos évaluations, tant sur la nature du « danger » que sur nos ressources disponibles pour le surmonter.

Faut-il en déduire que le stress est toujours un comportement inapproprié? Pas nécessairement. C'est parfois un comportement normal face une situation anormale. Alors,  nous devons comprendre les choix de vie qui nous placent dans une telle situation. Ou questionner les normes sociales auxquelles nous nous sommes pliés jusque-là.

Cependant, les manifestations de stress possèdent une réelle utilité comme signaux d'alarme. Faut-il encore évaluer correctement la menace et les impacts qu’elles ont sur nous. Et, l’on constate souvent qu’elles ressemblent plus à notre corde enroulée qu’au python assassin.  Faire appel à une aide extérieure permet alors de faciliter et accélérer cette adaptation.

Fréquemment, il faut remonter au-delà des causes de stress et effectuer des changements dans notre mode de vie : régler un conflit latent, abandonner une responsabilité, faire respecter ses contraintes, etc. Ce peut être également l’occasion d’une réflexion sur la prochaine étape que nous allons avoir à franchir : s'installer dans une autre ville, changer d'orientation professionnelle, gérer son temps autrement.

Il arrive, parfois, que les solutions se révélent aussi stressantes que le problème (se retrouver sans emploi, supporter un patron acariâtre). Il faut alors poursuivre l'exploration psychothérapeutique pour identifier la meilleure solution ou, dans certains cas, accepter qu'il n'y ait pas de solution. Nous apprenons alors ce que l’on nomme le « lâcher-prise ».

D’autres fois, nous créons nous-mêmes ou nous aggravons notre propre stress. C’est le cas lorsque, face à une tâche que nous n’aimons pas, nous procrastinons. Or, non seulement ces tâches ne disparaissent pas, elles s'accumulent et forment, à la longue, un agent stresseur qui s’autoalimente.

Une approche cognitivo-comportementale nous permet de mieux observer notre désorganisation ou nos mécanismes de procrastination pour les modifier - ce qui demande un réel effort-. Parmi les agents internes de stress, outre la procrastination, on rencontre aussi les attentes irréalistes, le perfectionnisme, le désir de bien paraître, le manque de communication, une mauvaise gestion de la colère, etc.

Modifier ces attitudes est un travail exigeant et de longue haleine. Mais, il apporte une grande satisfaction et redonne accès à une immense partie de la vitalité et de la créativité, monopolisées jusqu'alors par une vaine lutte contre un stress dévorant.

 

Partager cet article
Repost0
3 janvier 2016 7 03 /01 /janvier /2016 11:19

Faut-il "oublier 2015" comme F. Brusati voulait "oublier Venise" ou bien vouloir - mais, vouloir vraiment - 2016? En vérité, nous n'avons pas le choix. Il nous faut vouloir 2016 avec ses grandeurs et ses risques, ses souffrances et ses joies. Et avec ses espoirs.

Oublier 2015 ?
Partager cet article
Repost0
25 juin 2015 4 25 /06 /juin /2015 21:03

On s’en doutait, mais la DARES vient d’en mesurer l’impact à l’occasion d’une étude portant sur 2014 et publiée le 24 juin : c’est dans les entreprises en crise que les salariés vont le plus mal.

D’abord, cinq profils d’entreprises sont établis :

> Les entreprises « stables », soit 31% du secteur privé

> Celles « en crise », soit 13% des salariés du privé

> Les entités « flexibles », représentant 35% du même panel

> Les entreprises « en croissance », seulement 7% du privé

> Les établissements « restructurés », réunissant 14% du secteur privé.

Des salariés menacés

Concernant les craintes pour l’avenir, c’est évidemment dans les entités en crise que l’inquiétude est la plus grande. Mais elle demeure très présente dans les sociétés restructurées et celles qui vivent la flexibilité au quotidien. En revanche, l’attente de changements de métier ou d’évolutions imprévisibles est palpable dans les entreprises restructurées, mais aussi flexibles et en croissance. Comme quoi, les changements ont un prix, pour les salariés.

La fierté du travail bien fait est écornée à peu près partout, quoique dans une moindre mesure au sein des entreprises en croissance. Quant à la formation, on la sent en berne dans toutes les catégories, avec une force importante dans les entreprises en crise ou restructurées, c’est-à-dire là où elle serait indispensable.

L’intensité du travail et la pression quant à elles apparaissent un peu plus fortes dans les entreprises en crise que parmi les plus stables. De même que les rapports sociaux y sont plus tendus.

Et, conséquence qui ne surprendra pas, le nombre de salariés exposés au burn out a manifestement tendance à s’accroître, comme en témoignait récemment l’étude Technologia.

Partager cet article
Repost0
25 mai 2015 1 25 /05 /mai /2015 17:23
La soupe socio-subjective du travail contemporain

Notre société a progressivement développé une sur-exposition de la subjectivité. Les millions de selfies exhibant l'endroit où nous nous trouvions il y a dix minutes, ce que nous avons mangé pour le déjeuner, la starlette que nous avons croisée et jusqu'à la nuit que nous avons passée, témoignent de ce que Serge Tisseron, à la suite de Foucault, nomme l'extimité. À savoir l'exposition publique de son intimité.

Cette disparition de la frontière de l'intime et du public trouve son pendant dans le management contemporain qui se plait à la convivialité sous contrainte autant qu'à l'intériorisation des obligations par les collaborateurs de tous rangs. Comme l'analysait Foucault dans les années quatre-vingt, le pouvoir n'est pas une autorité s'exerçant sur des sujets de droit mais une puissance immanente, productrice de normes et de valeurs. Il est loin le temps où le peintre pouvait caresser le mur tout en sifflotant. Il lui faut maintenant avoir en tête en permanence ses objectifs de production, de qualité, de sécurité et, par surcroît, s'impliquer en multipliant les reportings et les suggestions pour créer de la valeur.

Subjectivité sans frontière

Là où s'élevaient des frontières entre moi et mon travail, ma vie personnelle et ma vie sociale, entre mes pensées intimes et ma consommation, tout se mélange désormais dans une soupe socio-subjective qui m'expose partout et à tout.

Voilà qui répond d'ailleurs aux questions faussement naïves, moult fois entendues, du style "serions-nous devenus si fragiles que nous plongions dans la dépression ou le burn out au moindre conflit interpersonnel ou à la moindre directive jetée à l'emporte-pièce ?"

Plus sérieusement, se répète sous nos yeux la problématique foucaldienne concernant le "régime de vérité", cette part libre et réfléchie du sujet sur son activité propre, constitutive de sa liberté individuelle. Que devient-il, en effet, quand, enserré dans un faisceaux d'obligations impérieuses et indiscutées, nous les regardons non pas comme des contraintes extérieures mais nous les ingérons comme autant d'obligations.

En vain, nous cherchons une porte de sortie, mais toutes sont cadenassées et le piège s'est refermé sur nous-mêmes.

Partager cet article
Repost0
9 octobre 2014 4 09 /10 /octobre /2014 14:48

 CoquelicotQuand on parle de la qualité relationnelle qu’on attend désormais des managers et des cadres, il y faut un luxe de précautions, comme toujours en matière d’organisation et, finalement, d’exercice du pouvoir sur les êtres humains. Car, c’st bien de cela qu’il s’agit.

 

Téléologie et paradoxes

Qu’il faille retenir comme injonction téléologique la qualité relationnelle semble indiscutable, chaque fois qu’il s’agit de faire société entre les hommes (et les femmes !). Mais, il ne faudrait pas que, cette juste intention se transforme en une injonction paradoxale qui exigerait de tous les managers, notamment dans la proximité des équipes, qu’ils se montrent excellemment humains, ouverts, bons et fermes à la fois. Car, il est patent que le vœu d’excellence est aussi difficile à tenir par tous et dans la globalité que celui de chasteté. Donc, méfions nous d’abord de l’excellence et, plus encore, de sa généralisation (nous ne sommes pas des perfections reproductibles à l’envi). Chaque mode managériale (car, bien sûr, il y a des modes dans le management et, lorsqu’un St Laurent décède, il nous faut repérer le Lagerfeld qui suit), chaque mode managériale disais-je tend à catéchiser le monde entier. Et là, dans la généralisation, se tient la principale erreur qui ne prend pas en compte la variété des cultures d’entreprises et des cultures professionnelles : une organisation agile chez des commerciaux, pourquoi pas, mais chez des comptables, à quoi bon ?

 

Hommes et organisation

Donc d’accord, évidemment, il est indispensable de donner toute sa place à l’Homme. Sauf que l’Homme, avec un H majuscule, est une vue de l’esprit. Ce n’est pas un Homme que je rencontre au pied d’une fraiseuse, mais un gars, différent de son voisin. Ce qui signifie que la ductilité des organisations, leur labilité est certainement plus importante que la doxa qui les inspire.

 

Alors qui devrait fixer les contours de l’organisation en devenir. Certainement pas la seule hiérarchie, qui poursuit des intérêts très spécifiques. Pas plus les organisations syndicales qui refusent souvent de regarder la réalité à moyen et long terme. Non plus les consultants, qui n’aiment rien tant qu’exercer leurs désirs sans assumer la responsabilité du passage à l’acte. À mon sens, c’est un contrat social qui doit déterminer (et non pas arrêter, car elles doivent évoluer) les conditions de la production. Pour ne pas jeter Marx avec l’eau soviétique, c’est le rapport de force qui doit s’imposer là. Et, comme celui-ci peut se révéler trop défavorable à l’une des parties, l’intervention d’un tiers (public ou médiateur) peut alors se révéler utile. Dit autrement, c’est la société (au sens sociétal) qui doit pouvoir fixer les conditions du travail ici et maintenant, dans la variété des situations locales.

 

Comment y parvenir ?

Je pense ici à la réponse de Confucius à l’un de ses disciples lui demandant ce qu’il commencerait à faire si un roi lui confiait les rênes du pays : « ma toute première tâche, répondit-il, serait assurément de rectifier les dénominations » (Simon Leys, L’ange et le cachalot). Autant dire mettre en mouvement une autre vision du monde, par tous les moyens à ma disposition, communication, éducation, etc. Sinon, je crains que, quelle que soit la nouvelle mode managériale, fût-elle celle de la qualité relationnelle, elle se transforme vite en une nouvelle langue de bois, parlée par tous et pratiquée par aucun. Alors, nous aurions adopté le nouveau volapük de ce pays de travestis où, comme le disait Philippe Geluck « tous les rois sont reines ». Mais, seulement reines d’un jour.

Partager cet article
Repost0
17 septembre 2014 3 17 /09 /septembre /2014 13:42

SouplessePour la plupart d’entre nous, l’organisation circonscrit le monde dans lequel nous vivons et le moyen cardinal de l’agir. Contre elle, nous nous élevons souvent en désignant sa complexité excessive, ses pesanteurs et son immixtion compulsive dans le territoire de nos libertés, en la qualifiant de kafkaïenne. Il demeure qu’elle recèle quelques qualités et une réelle nécessité.

 

Du grec organon (l’instrument, l’outil), elle désigne une mise en forme animée par la logique, laquelle est caractéristique d’une syntaxe, c’est-à-dire un ensemble de symboles constitutifs

d’une sémantique. Un langage en somme, dont les humains ont longtemps considéré qu’il était le réel. Toutefois, depuis l’école de Palo Alto et Paul Watzlawick[1], nous savons que inventons ce réel à travers une construction auto-référencée, aussi peu assurée que les ombres de la caverne platonicienne, mais qui autorise l’action performative.

 

Avec le temps, plusieurs types de structures, majoritairement verticales, ont imposé leurs logiques successives : hiérarchiques, fonctionnelles, divisionnelles. Puis est venu le temps du matriciel quand il a fallu utiliser avec efficience des ressources humaines rares tout en valorisant le business et ses fameux « livrables ».


Structures matricielles 

Une structure matricielle[2] vise à synthétiser hiérarchie et fonctionnalité, pour les optimiser. Ce modèle est apparu sous l’impulsion d’entreprises en quête d’une organisation favorisant un meilleur emploi des ressources et une productivité accrue. Au moment de la conquête de l’espace, la NASA a notamment été refondue sur un modèle matriciel pour gagner en efficacité. Flexible et adaptable, l’organisation matricielle est aujourd’hui, une structure très répandue, privilégiée par les grandes entreprises internationales.

Elle demeure toutefois une forme d’organisation complexe qui ajoute à la chaîne de commandement verticale, une autorité horizontale.

Particulièrement adaptée à la logique projet, il n’en demeure pas moins qu’elle redouble la hiérarchie ce qui induit sa principale faiblesse. Diluée, l’autorité y est moins intelligible, surtout quand il n’existe pas de consensus sur les grandes orientations. Le modèle matriciel produit ainsi injonctions contradictoires, perte de sens et conflits de loyauté que les salariés doivent subir.

 

Pour remédier à cette difficulté, la direction est tentée de se raidir en renforçant les contrôles tout au long de la chaîne d’autorité et la pression subie aux différents niveaux de l’organisation.

 

Complexité

La mise en place d'organisations matricielles répondait à l’objectif de casser les silos rigides et les baronnies, territoriales ou techniques. Car, la valeur aujourd’hui se crée dans la qualité de la transmission d'information et la capacité à travailler ensemble.

Mais la bonne idée vire souvent à l’usine à gaz. Chacun voit la complexité de sa vie quotidienne s’accroître proportionnellement au nombre de ses chefs. La charge de travail augmente, également, en fonction du nombre de supérieurs dont chacun éprouve le besoin vital d’émettre des directives particulières.

Autrement dit, si les attitudes n'ont pas évolué, s'installe un jeu de pressions directes et indirectes entre acteurs dont le collaborateur devient le réceptacle impuissant. Y prospèrent également les manoeuvres manipulatoires. Les collaborateurs, également, qui reçoivent des messages contradictoires et se prennent à gérer, voire entretenir, les rapports de forces entre leurs chefs. Si les pratiques collaboratives n’y sont pas puissantes, les organisations matricielles amplifient donc les défauts de toutes les autres. Le temps passé aux interfaces est plus celui de la confrontation que celui de la collaboration. De ce fait, il n'y a rien de pire que de faire évoluer les organisations sans faire évoluer les hommes qui les habitent.


Organisations agiles

Depuis 2001, les mots "agile" et "agilité" ont pris, à la faveur de la crise économique, un sens tout particulier dans le monde des organisations[3]. Cette année-là, dix-sept experts du développement d’applications informatiques rédigent un manifeste, l’Agile manifesto, destiné à dépasser les modes traditionnels de développement, périmés selon eux. Leur profession de foi repose alors sur le terme "agile".

 

Le Manifeste Agile qu’ils rédigent s’appuie sur 4 valeurs, dont découlent 12 principes. Les quatre valeurs retenues sont présentées chacune en opposition avec la pratique qu’elle doit dépasser :

> les individus et leurs actions plus que les processus et les outils

> du logiciel qui fonctionne plus qu’une documentation exhaustive

> la collaboration avec les clients plus que la négociation contractuelle

> l’adaptation au changement plus que le suivi d’un plan.


Ses 12 principes se formulent ainsi :

> Notre plus haute priorité est de satisfaire le client en livrant rapidement et régulièrement des fonctionnalités à grande valeur ajoutée.  

> Accueillez positivement les changements de besoins, même tard dans le projet. Les processus agiles exploitent le changement pour apporter un avantage compétitif.

> Optez pour des démarches opérationnelles avec des cycles de quelques semaines à quelques mois et une préférence pour les plus courts.  

> Les utilisateurs ou leurs représentants et les développeurs doivent travailler ensemble quotidiennement tout au long du projet.  

> Réalisez les projets avec des personnes motivées. Fournissez-leur l’environnement et le soutien dont ils ont besoin et faites-leur confiance pour atteindre les objectifs fixés.

> La méthode la plus simple et la plus efficace pour transmettre de l’information à l'équipe de projet et à l’intérieur de celle-ci est le dialogue en face à face.

> Un projet opérationnel est la principale mesure de l’avancement.  

> Les processus agiles encouragent un rythme de développement soutenable. Ensemble, les commanditaires, les développeurs et les utilisateurs devraient être capables de maintenir indéfiniment un rythme constant.  

> Une attention continue à l'excellence technique et à une bonne conception renforce l’agilité.

La simplicité – c’est-à-dire l’art de minimiser la quantité de travail inutile – est essentielle.  

Les meilleures architectures, spécifications et conceptions émergent d'équipes auto-organisées.

> À intervalles réguliers, l'équipe réfléchit aux moyens de devenir plus efficace, puis règle et modifie son comportement en conséquence.

 

Une organisation agile, fondée sur ces valeurs et principes, devrait être capable de prendre des risques pour conquérir de nouveaux marchés. Avec un numérique omniprésent, le partage d’information devrait permettre de capitaliser les talents au service de la réussite de l’entreprise. En plaçant l’expérience client et sa satisfaction au cœur de son ADN et en s’adressant à ses propres employés pour en faire ses ambassadeurs, elle devrait en même temps devenir « socialement vertueuse ».

 

Souplesse et entreprise contemporaine

Pour autant le nouvel Eden professionnel est-il apparu ? L’expérience du coaching dans des entreprises  ayant adopté ce modèle, montre qu’il convient bien à des jeunes diplômés dotés d’une certaine ambition. Moins, à des personnes plus inscrites dans la rigueur d’une pratique régulière (services comptables, juridiques, notamment) et ressentant un certain besoin de sécurité. Finalement, l’individu s’adapte plus ou moins bien à son contexte selon son degré de souplesse. Parfois dans la souffrance (risques psychosociaux), d’autre fois, plus aisément.

 

Ce qui fait surtout la différence, c’est la qualité de l’environnement humain : hiérarchie, collègues, collaborateurs. C’est là, sans doute, dans l’attention portée aux personnes, que devraient se situer aujourd’hui les plus grands efforts des entreprises pour concilier efficacité sociale et économique. Les spécialistes de l’accompagnement professionnel peuvent légitimement voir là un élargissement de l’espace de leur intervention.

 

Malheureusement, quand la culture ambiante prévalant, quel que soit le type d’organisation retenu, est surtout faite de tableaux de pilotage chiffrés, de KPI (key performance indicator)  et où tout ce qui ne se réduit pas à une abaque n’a aucune existence. Toutefois, il existe des dirigeants et des responsables qui, à la faveur d’événements ou d’analyses personnels, mesurent la profondeur du fossé entre vision exprimée et réalité vécue. Ve sont eux qu’il faudrait le plus épauler, car ils sont les meilleurs leviers d’un changement (positif) durable. 

 


 



[1]WTAZLAWICK Paul et alii, L’invention de la réalité ; contribution au constructivisme, trad. Anne-Lise Hacker, 1981, coll. Points essais, Paris, 1996.

[2]Voir GALBRAITH John Kenneth, Matrix Organisation Designs : How to combine functional and project forms, Business Horizon Reveiw, 1971.

[3]  D’HERBEMONT Olivier, Booster l’intelligence collective : la stratégie agile de transformation durable des organisations, Paris, Armand Colin, 2012.

Partager cet article
Repost0
28 juin 2014 6 28 /06 /juin /2014 16:52

explosionIl gagne du terrain mais reste un problème mal connu, voire nié. Très préoccupant sur le plan humain, le burn out n’est pourtant pas nécessairement une fatalité.

Un phénomène complexe

 

Quoique familier, le terme est sujet à de nombreux amalgames. Souvent, on le confond souvent avec le stress ou la dépression. Or, il n’est ni l’un ni l’autre, mais le syndrome d’un épuisement professionnel. Il combine épuisement physique, émotionnel et mental, compliqué d’une insatisfaction professionnelle dans un contexte de déshumanisation des relations.

 

Comment s’annonce-t-il ?

 

Le burn-out commence par des symptômes émotionnels et mentaux. Une personne réputée calme tolérante et bienveillante, devient brusquement irritable, cynique, sarcastique, ironique. Une petite contrariété la fait bondir de colère, la moindre remarque la fait « exploser ». Puis elle  devient anxieuse et n’arrive plus à se concentrer. Les trous de mémoire se font fréquents et inquiétants. La motivation s’évanouit et elle ne cesse de douter de tout. Elle devient quelqu’un d’autre pour finir par se déshumaniser complètement. L’autre lui devient étranger, ennemi. Dans ce contexte, amis et collègues s’éloignent et elle se retrouve isolée.

Qui menace-t-il ?

Contrairement aux idées reçues, l’épuisement professionnel ne touche ni les « paresseux », ni les incompétents, mais des personnes jusque là enthousiastes, scrupuleuses et impliquées que caractérise le souci du « travail bien fait ».Des personnes qui regardent leur activité à travers le prisme d'un jugement de beauté. Des perfectionnistes, des personnes dévouées, consciencieuses et zélées. Dans la igné de mire du burn out aussi les "workaholics", dont l’existence se résume au travail et les autoritaires qui s'estiment les seuls à savoir travailler.

 À travers cette affection, c'est la place accordée au travail qui se trouve questionnée, dans un contexte de leurre où, d'un point de vue global, la production n'est plus au centre du système économique dont le coeur est désormais principalement spéculatif et financier.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Patrick Lamarque
  • : Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
  • Contact

Le fil d'Ariane

L'animation ci-dessous présente ma pratique du coaching individuel et d'équipe à destination des dirigeants. En cliquant sur l'image en bas à droite (petite croix) vous pourrez l'ouvrir en mode plein écran et, ainsi, la lire plus confortablement.

 


Recherche

Digest

 

Patrick Lamarque est conseil de dirigeants en stratégie, gestion des crises et management du changement. Il est également coach pour dirigeant privés et publics et expert en prévention des risques psychosociaux. Il opère en France et à l’étranger.


Ancien élève à l'Ecole Nationale d’Administration, Patrick Lamarque, dans les années 80, a créé la mission communication interne et maîtrise du climat social à la Ville de Paris, coordonné la communication gouvernementale auprès du Premier ministre et conseillé pour sa communication le ministre de la Défense. Dans les années 90, il dirige la communication de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux, puis celle de la Ville et de la Communauté Urbaine de Lyon. Il est ensuite appelé comme Conseiller auprès du Secrétaire d'État à la Défense, puis auprès de la Secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées avant d’être chargé de la concertation et de l’accompagnement social à la Délégation Générale pour l’Armement.


Introducteur des études qualitatives dans l’analyse politique il a développé ces méthodes pour structurer une démarche globale de maîtrise du climat interne de l’entreprise. Il a développé une approche novatrice d’entretiens de confrontation pour la résolution de conflits.


À partir de son expérience dans la gestion de la communication de la Défense durant la première guerre du Golfe, il a créé une méthodologie de maîtrise des crises qui a fait ses preuves dans de multiples situations difficiles, lors de crises de changement, de situations d’urgence psychosociale ou de plans de sauvegarde de l’emploi.


Il a enseigné à l’ENA, au CELSA, à l’EFAP, dans plusieurs universités françaises ainsi qu’à l’École Supérieur du Commerce et des Affaires de Casablanca et à l’Université de Buenos-Aires. Il est l'auteur d’une vingtaine d’ouvrages.

 

 

 

Le jardin haïku

 

Quelques beaux poêmes

 

Dans une vieille mare,

une grenouille saute,

le bruit de l'eau.

Bashö (1644-1694)

 

 

Porté par l'obscurité.

Je croise une grande ombre

dans une paire d'yeux.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin


 

Sur la plage

je regarde en arrière

pas la moindre trace de pas.

Hosai  (1885-1926)

 

 

J'étais là moi aussi -

et sur un mur blanchi à la chaux

se rassemblent les mouches.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin

 

 

Il n'y a rien

dans mes poches -

rien que mes mains.

Kenshin (1961-1987)

 

 

Un papillon blanc sort
D'entre les rayures d'un zèbre.

Sei Imai

 

 

Plus que de l'aveugle
Du muet fait le malheur

La vue de la lune.

Kyoraï

 

 

Au coucou

Elle ne répond rien

La girouette en fer.

Seiho Awano

 

 

Un papillon
vole au milieu
de la guerre froide
Nakamura Kusatao
 

 

 

Le printemps passe.

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes.

Bashö (1644-1694)

 

 

Plutôt  que les fleurs de cerisier

Les petits pâtés !

Retour des oies sauvages.

Matsunaga Teitoku (1571-1654)

 

 

Que n'ai-je un pinceau
Qui puisse peindre les fleurs du prunier
Avec leur parfum!
Shoha
 

 


 

Quelques essais personnels

 

Le bolet doré

au couteau de l'automne

craque mollement.

P.L.

 

 

La nuit est posée

l’hiver gagne la ville –

Frisson de moineau. 

P.L.


 

Un mille-pattes trébuche

-bruit de catastrophe-

entre quelques brins d'herbe.

P.L.


 

Cul grisâtre 

d'une bouteille lancée

dans la mer étroite -

bonjour Trieste.

P.L.

 

 

Goutte à goutte

- loupes hallucinées -

le toit s'égoutte.

P.L.

 

 

Au profond de la nuit

rentrent les meurtriers

le devoir accompli.

P.L.

 

 

Tendu comme un arc,

l'hiver scarifie

d'une autre ride le visage.

P.L.

 

 

Dans la nuit luisante

résonnent des pas

- un chien lève la patte -

P.L.

 

 

Inconsciente,

la rue se rue

vers sa fin.

P.L.

 

 

Au bal de la nuit

aux phalènes,

le pied glisse

sur les cadavres joyeux.

P.L.

 

 

La brume

nappe le relief

du jardin myope.

PL

 

 

Le rictus du caïman

remonte à l'oeil qui pétille.

Sa proie lui sourit.

PL

 

 

Le lacet défait

flâne près du soulier -

Le nez au vent.

PL

 

 

Elle a renversé son sac

à la recherche de ses clés -

Sourire amusé.

PL

 

 

Elle s'est jetée dans l'étang -

La lune abîmée

de désespoir.

PL

 

 

Où va la nuit dans le noir

quand je me retiens

de bouger et de vouloir?

PL

 

 

Le temps de la cigale

stridule sans fin,

puis tombe la nuit.

PL

 

 

Les bras écartés

il surgit de la neige

l'épouvantail brun.

PL

 

 

Aux oiseaux inquiets

l'épouvantail tend les bras -

Je crais pour ma vie.

PL

 

 

Le crabe rougit

découvrant la baigneuse -

L'eau s'est troublée.

PL

 

Le coin des livres


Réalité

Ch. André Psycho de la peur

Bruno


Precht


Billeter

Rencontres


Ch André


Savoir attendre

Gilligan

EKR

Cyrulnik-Morin


Dejours light
Cyrulnik light
Talaouit
41yAu4IM-BL. SL500 AA300
MFH

Daewoo

 


La phrase du moment

Rien n'est plus pratique qu'une bonne théorie - Kurt Lewin.

 

Patrick Lamarque

Créez votre badge