Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
26 juin 2012 2 26 /06 /juin /2012 18:14

Horacio Coppola 1Horacio Coppola, immense photographe argentin est mort, à 105 ans, au bout d'une vie pleine. Après des études au Bauhaus, il a vécu un temps à Paris avant de retourner dans sa ville et de lui appliquer une vision moderniste à base de cadrages serrés et de lumières nocturnes éclatantes.

 

Son livre Buenos Aires, pulbié en 1936, reste une étape de la photographie sud américaine... et un objet introuvable ! Ainsi, ne le perdra-t-on jamais de vue.

 

 

Horacio Coppola - peaton de B-A

Horacio Coppola


Partager cet article
Repost0
15 juin 2012 5 15 /06 /juin /2012 18:10

 Épictète est né en 50 à Hiérapolis , en Phrygie. Esclave, il gagne Rome avec son maître Épaphrodite et suit les cours du stoïcien Musonius Rufus. Affranchi, il est banni par l’empereur Domitien et s’installe à Nicopolis, en Épire où il ouvre une école et c’est son élève Arrien qui compile son enseignement dans « le Manuel ».  Ce livre porte ce titre parce qu’il faut toujours l’avoir « sous la main » et nombre de ceux qui s’y sont référés, de Marc Aurèle à Frédéric II de Prusse qui le transportaient avec eux dans les fontes de leurs montures.

 

La principale leçon du grand philosophe stoïcien se fonde sur la nécessaire distinction entre ce qui dépend de nous et ce qui n’en dépend pas. Seul ce qui dépend de nous peut être considéré comme un bien ou un mal, à savoir nos décisions, nos jugements, nos désirs. Ce qui ne relève pas de nous doit nous laisser froids et distants. Cependant, nous recevons des influences ou des faits extérieurs auxquels nous ajoutons généralement un jugement de valeur. Ainsi, ajoutons-nous à la vision d’un mort le fait qu’elle soit redoutable alors qu’une vision plus exacte du cycle de la vie et de la mort nous permettrait de mieux réguler nos craintes et nos émotions. Et de mieux diriger notre vie.

 

Voilà une leçon que nous gagnerions à faire notre dans une période où les agressions du monde son nombreuses et font des ravages. D’ autant qu’Épictète en parle dans un langage simple, quotidien et qui en rien n’a vieilli : le lecteur tombe malade, embrasse sa femme et ses enfants, prend un bain, voyage en bateau, fait l’amour…

 

Depuis vingt siècles et pour longtemps encore il est bon de glisser ce petit manuel dans ses fontes.

 

ÉPICTÈTEUn précieux manuel facile à se procurer.

Arrien, Pierre Hadot, LGDF, Essai, poche, 2000

 

 

 


 

 

Partager cet article
Repost0
14 juin 2012 4 14 /06 /juin /2012 15:56

Dépression« Trop flou » avait estimé le Conseil Constitutionnel en abrogeant le délit de harcèlement sexuel et en ouvrant un vide juridique intolérable pour les victimes. Le nouveau gouvernement s’est donc empressé de rédiger un nouveau texte, plus précis, plus sévère pour les fautifs mais qui, malheureusement, ne peut pas revenir sur les plaintes désormais caduques.

 

Deux cas de figure

Le nouveau projet, qui sera débattu au Parlement durant l’été prochain, distingue deux formes de harcèlement.

 

D’un part des gestes ou des propos à connotation sexuelles portant atteinte à la dignité de la victime (blagues graveleuses, insinuations…). À la différence de la situation précédente, la victime devra établir les faits mais n’aura pas à démontrer que le harceleur recherchait des faveurs sexuelles.

 

D’autre part, seront poursuivis les chantages sexuels, appuyés par des ordres, des menaces, des contraintes, répétés ou non.

 

Des peines graduées

Dans le premier cas, les peines pourront s’élever jusqu’à un an d’emprisonnement et 15 000 euros d’amende. Dans le second, elles iront jusqu’à 2 ans et 30 000 euros. Elles seront aggravées lorsque les faits seront commis en abusant de l’autorité de sa fonction, sur des victimes de moins de 15 ans ou sur des personnes fragiles.

 

Même si certaines associations voient dans ce projet des peines qui demeurent inférieures à celles qui punissent le vol et s’il faut attendre le résultat des débats et des amendements, c’est là une avancée rapide qu’il convient de saluer.

Partager cet article
Repost0
12 juin 2012 2 12 /06 /juin /2012 07:13

Diag RPSVoilà un intéressant débat juridique qui pose simultanément deux questions : qu'est-ce qui correspondrait à une évaluation "suffisante" des risques psychosociaux, d'une part, et dans quelles limites le CHSCT peut-il réclamer une expertise sur ce point? L'affaire oppose direction de l'exploitant du réseau de bus et de tram de l'agglomération de Caen, Twisto, filiale de Kéolis (650 salariés) et son CHSCT, la première contestant la demande de nomination d'un expert pour évaluer la situation de l'entreprise au regard des RPS.


La direction argue du fait  qu'un CHSCT peut nommer un expert en cas de "danger grave ". Or, dans sa délibération, le CHSCT dernier justifie son initiative par « l'd'absence d'évaluation des risques professionnels » que l'avocat de l'entreprise juge "injustifiée". Il ajoute qu'en 2010, à la suite du suicide d'un salarié, la direction du travail, tout en mettant l'entreprise "hors de cause" dans son enquête, l'a « mise en demeure de procéder à une évaluation des risques ». et estime que Keolis a fait le nécessaire. » Il cite en particulier un sondage réalisé par CSA, « pour évaluer les risques psychosociaux » dont les résultats font part « d'un niveau de stress sous la moyenne nationale».


Les spécialistes noteront avec intérêt qu'il existerait donc des "moyennes nationales" crédibles dont ils ignorent l'existence. L'autre question posée par cette argumentation se rapporte à la suffisance d'une telle étude pour considérer l'entreprise ainsi exonérée de ses obligations de l'article 4121-1 du code du travail qui fixe en la matière à l'employeur une obligation de résultat et non pas de moyens.


Quant à l'avocate du CHSCT, elle se place sur  "le long terme", décrivant « des problèmes récurrents, non réglés depuis plusieurs années". Elle évoque par exemple des agressions certes "en baisse, mais souvent plus violentes et donc plus durement ressenties". Il faut donc s'interroger ici à la fois sur le fait de savoir si le questionnaire réalisé par CSA est un élément de réponse suffisant et, a contrario, si un simple "ressenti" peut justifier le déploiement d'une pareille mission d'expertise.


Enfin, il est clair que les deux parties se jettent à la figure des diagnostics, passé ou futur, alors qu'il faudrait surtout un plan d'action concret. Lequel plan ne serait véritablement productif qu'à la condition que les partenaires sociaux et les acteurs de l'entreprise s'accordent sur ses priorités et les mettent en oeuvre d'un commun accord. On en est loin.


On attend toutefois la décision du tribunal pour le 28 juin avec l'espoir (?) qu'il contribuera à clarifier les "bonnes pratiques" en la matière et les "justes limites" à l'instrumentalisation des risques psychosociaux au service d'autres conflits.

Partager cet article
Repost0
31 mai 2012 4 31 /05 /mai /2012 22:08

PasséLe progrès a toujours été motorisé par l'existence d'une ou plusieurs catégories sociales intermédiaires entre altitudes et tréfonds sociaux. La bourgeoisie, entre noblesse et tiers état, puis les classes moyennes, cols blancs sur cols bleus. Dans cette histoire sociale portée jusqu'à nous depuis la révolution française, la variété des situations favorisait la mobilité sociale et, mieux encore, l'espoir de mobilité.

 

L'idée de gueuserie

C'est l'espoir qui a entretenu la stabilité de nos sociétés. Un espoir qui aujourd'hui abandonne des populations entières, notamment sur le pourtour méditerranéen. Avec le chômage qui touche parfois plus du quart des actifs et des classe dirigeantes qui refusent d'entendre les indignations ou les clameurs de printemps sans lendemain, c'est un gouffre qui se tient béant devant nous. L'idée de gueuserie retrouve une place dans l'extension de postures nouées autour de la souffrance et des angoisses. 

 

Ce retour des gueux se manifeste non comme une société interlope  mais comme une vision de soi  dénuée de toute estime et que dépouillée du moindre espoir. Son expansion constitue, à mon sens, le phénomène majeur de l'évolution sociale actuelle. "Où est passé l'avenir?", interrogeait avec justesse Marc Augé, en 2008.

 

Où est passé l'avenir ?

La réponse est simple : il est désormais retourné comme un gant et l'horizon se recroqueville sur le passé. C'est le passé qui rassure. C'est lui qui a balayé l'espoir d'une vie meilleure véhiculée par l'idée de progrès pour imposer la nostalgie régressive qui caractérise les temps présents. D'ailleurs, le progrès existe-t-il encore dans l'esprit des masses arabes ou grecques ? Y a-t-il un autre espoir que celui qui mêle assistance aux personnes en difficulté et retour aux certitudes religieuses... fondamentales ?

 

Voilà le terreau sur lequel prospèrent les fondamentalismes sur la rive Sud et les populismes sur la rive Nord de la mer intérieure. Dans un pareil contexte, il va devenir de plus en plus délicat de fonder dans nos entreprises autant que nos sociétés ce lien de confiance sans lequel nulle légitimité n'est possible et faute duquel l'idée de gouvernance s'épuise.

Partager cet article
Repost0
18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 17:39

Roustang GesteIl suffit d'un geste

François Roustang

Odile Jacob, 2003



Une question : qu'est-ce qui guérit le mieux, les mots ou les gestes? La parole ou le mouvement? C'est le thème qui anime depuis plus de vingt ans François Roustang, philosophe et psychanalyste de formation, hypnothérapeute dans sa pratique.

Il est vrai que l'idée d'hypnose fait frémir, car elle traîne dans son sillage un parfum manipulatoire et l'idée d'une perte de contrôle de soi-même. D'emprise. Or, ce que propose François Roustang, avec prudence et lenteur - à l'image de sa pratique, j'imagine -, c'est précisément de nous déprendre de cette tentation de contrôler notre vie en la pensant et en l'accoutrant de mots.

Tout au contraire, sa pratique s'assimile à une "déparole qui vise à faire perdre aux mots toute signification. La parole est ici utilisée à l'envers pour introduire à l'expérience qui est non pas la recherche de sens, mais une entrée de la perception de la personne tout entière dans le sens de la vie". En somme, préférer le geste à la parole.

Il est vrai que, depuis la Renaissance au moins, nous avons considéré que la conquête de l'individuation passait par la pensée de soi quand les gestes nous rattachaient au faire et au servage. Mais, ce faisant, nous avons négligé la dimension kinesthésique du vivre. Et du penser.


Fauteuil ou divan ?
À la suite de l'expression de ces positions François Roustang introduit un premier débat, celui de la posture du patient lors de la cure. On sait, en effet, le rôle du divan chez Freud comme chez Lacan. Ici, tout au contraire, l'auteur considère que la position assise "suppose la vigilance". Comme un cavalier, le sujet retrouve son assiette dans une vigilance ouverte à ce qui advient, holiste plutôt qu'atomiste, au sens où elle demeure attentive au tout et aux relations entre ses éléments. Et simple, en sachant que "depuis que nous sommes sortis de la petite enfance, toute simplicité ne peut être que le fruit d'un long apprentissage".

Deuxième considération fondatrice, le refus de réaliser une archéologie individuelle au cours de la thérapie car les "sentiments, émotions ou souvenirs ne sont que les témoins d'un passé déjà mort". Au contraire, "les maux dont nous souffrons sont pris dans la glace de notre système relationnel". Alors, concentrons-nous moins sur l'objet que sur l'espace, propose François Roustang.

Ainsi le symptôme, objet de la plainte, prendra-t-il son sens en s'immergeant  dans une fluidité que le geste aura préalablement reconstituée. "Cette opération achevée, le symptôme n'a plus besoin d'être affublé d'un sens, il est réinstauré dans le sens et la direction de son état et de sa fonction". Donc, "peu importe de parler ou se taire! L'essentiel est de faire en sorte que la parole ne gêne pas le geste qui unifie la complexité".

Nous devons ainsi considérer que l'acte de nommer induit une diffraction, alors que la cure vise à concentrer l'attention sur la réponse la mieux adaptée au sujet. C'est d'ailleurs pourquoi le changement thérapeutique se repère à la modification du comportement qui posait problème. Et de rappeler cette phrase d'Épictète : "pour faire de quelque chose une habitude, faites-là; pour ne pas en faire une habitude, ne la faites pas; pour vous défaire d'une habitude, faites-en une autre à la place".


Perceptude
Vient alors le conseil, dans sa surprenante simplicité : "demandez à quelqu'un d'accomplir un geste qui prenne en compte tous les paramètres de son existence. S'il le peut en vérité, peu de symptômes résistent. Il en est de même si vous l'invitez à prendre une posture qui fasse disparaître son angoisse ou son mal". Mais, ceci ne se produira que dans la transe qui libère des inhibitions et des clôtures mentales.

Deuxième recommandation : supposez le problème résolu. Par là, le thérapeute communique un optimisme serein au patient, lequel n'est plus invité à penser mais à se mouvoir dans la nouvelle situation.

La parole du thérapeute se fait alors suggestive, évocatrice et ouverte, à la recherche d'images motrices pour passer de perceptions diffractées à la "perceptude", soliste, globale, systémique. Et François Roustang d'ajouter, "l'état d'hypnose, tel que je le comprends, ne serait rien d'autre que la perceptude". Son enjeu premier serait là, passer de la perception à la "perceptude".

Une voie différente de celle du coach en ce sens qu'elle transite par l'hypnose, mais un but proche et des méthodes souvent voisines : vision systémique, supposition du problème résolu, lâcher prise… Et une lecture stimulante pour les coachs et thérapeutes saisis de vertige lors d'une séance qu'ils ont le sentiment de ne plus "maîtriser"...




Partager cet article
Repost0
4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 18:00

larmesLe Conseil constitutionnel a censuré vendredi 4 mai la loi sur le harcèlement sexuel, qui est directement abrogée. il a jugé la formulation du texte trop floue, renvoyant au législateur la responsabilité de définir plus clairement les contours de ce délit. Malheureusement, il laisse un vide juridique qui efface les procédures en cours si elles ne sont pas définitivement jugées (c’est-à-dire celle qui ne peuvent plus faire l’objet d’aucun recours) et envoie un signal rétrograde tant aux femmes qu’aux abuseurs potentiels.

 

Une construction juridique progressive

Depuis 2002, la notion de harcèlement sexuel est définie dans l'article 222-33 du Code pénal comme "le fait de harceler autrui dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle". Ce délit est puni d'un an d'emprisonnement et de 15 000 euros d'amende.

Le délit de harcèlement sexuel avait été introduit dans le Code pénal français en 1992 et défini alors par "le fait de harceler autrui en usant d'ordres, de menaces ou de contraintes, dans le but d'obtenir des faveurs de nature sexuelle, par une personne abusant de l'autorité que lui confèrent ses fonctions". Une autre loi du 17 juillet 1998 avait ajouté les "pressions graves" à la liste des actes caractérisant le harcèlement. Mais la loi du 17 janvier 2002 est venue modifier cette construction juridique en élargissant son champ d'application, par la suppression de toutes les précisions concernant les actes par lesquels le harcèlement était constitué, et l'abus d'autorité avéré.

L’abuseur chicanier

Depuis 2002, À l'origine de la décision du Conseil Constitutionnel, une question prioritaire de constitutionnalité (QPC) déposée par Gérard Ducray, conseiller municipal de Villefranche-sur-Saône (Rhône). Cet élu, qui a également été secrétaire d'Etat au Tourisme sous Valéry Giscard d'Estaing, a été condamné en mars 2011 à trois mois de prison avec sursis et 5 000 euros d'amende pour le harcèlement sexuel de trois employées de la municipalité. Il s'était élevé contre cette décision et pourvu en cassation pour des raisons juridiques et sans contester les faits qui lui était reprochés (attouchements, propositions ouvertes et menaces sur la carrière en cas de refus).

Pour le Conseil constitutionnel, « l'article 222-33 du Code pénal permet que le délit de harcèlement sexuel soit punissable sans que les éléments constitutifs de l'infraction soient suffisamment définis. Par suite, ces dispositions méconnaissaient le principe de légalité des délits et des peines ». Autrement dit, mieux vaut une absence de loi qu’une loi imparfaite !

Déplorable juridisme

La conséquence de ce juridisme à courte vue – à courte vue car le Conseil aurait pu rendre exécutoire sa décision sous un délai qui aurait permis d’éviter ce vide juridique-, c’est qu’il annule toutes les poursuites en cours qui n’ont pas abouti à un jugement définitif et qu’il renvoie au législateur le soin de fixer des dispositions plus précises… au plus tôt d’ici l’été, compte tenu des élections présidentielle et législatives en cours et à venir. Une décision assez rare et radicale qui ne laisse que deux solutions à la disposition des victimes : la requalification des faits en harcèlement moral, à condition que le délai de prescription de trois ans ne soit pas épuisé ; ou la poursuite au titre du Code du travail si les actes incriminés ont été commis dans un cadre professionnel.

Abuseurs de tous poils profitez-en donc tant que le vide est là ! Quant à vous, les victimes, investissez dans un psy plutôt que dans un avocat ! Et si vous n’appartenez ni à l’une ni à l’autre des catégories, il vous reste à trouver cela lamentable… et à regretter qu’il n’y ait que deux femmes sur onze membres au Conseil Constitutionnel. Tout en vous obligeant à ne formuler aucune critique sur une décision de « justice »… Bien sûr.

Partager cet article
Repost0
4 mai 2012 5 04 /05 /mai /2012 12:32

munch TheScreamLe Cri est un tableau expressionniste de l'artiste norvégien Edvard Munch peint entre 1893 et 1917. Cette œuvre est souvent considérée comme la plus importante de l'artiste sur fond d'un paysage eprésentant Oslo, vu depuis la colline d'Ekeberg. L'une des quatre versions du tableau, un pastel, a été vendue par Sotheby's à New York pour un montant de 119,9 millions de dollars. Il devient ainsi, le 2 mai 2012, le record de vente d'une peinture aux enchères. Il est intéressant de constater que cette évaluation exceptionnelle du prix d'une oeuvre picturale, symbolisant l'homme moderne emporté par une crise d'angoisse existentielle, traduit les angoisses de l'époque.


Ce prix n'est donc pas seulement l'effet d'une spéculation - comme souvent  - mais aussi l'écho de la société qui l'évalue ainsi. Il faut en outre considérer que, nombre de critiques d'art, y voient un cri muet. Un effroi resté dans la gorge du personnage. L'effet d'une terreur. Peut-être celle qui étreint aujourd'hui beaucoup de nos contemporains?


  "Je me promenais, écrit Munch dans son journal, à la date du 22 juillet 1892, sur un sentier avec deux amis — le soleil se couchait — tout d'un coup le ciel devint rouge sang je m'arrêtai, fatigué, et m'appuyai sur une clôture — il y avait du sang et des langues de feu au-dessus du fjord bleu-noir de la ville — mes amis continuèrent, et j'y restai, tremblant d'anxiété — je sentais un cri infini qui se passait à travers l'univers et qui déchirait la nature. "


… Si actuels, Munch et son Cri.

Partager cet article
Repost0
2 mai 2012 3 02 /05 /mai /2012 18:25

Il faut lire (ou relire) "Mort d'un commis voyageur", d'Arthur Miller. Créée en 1949, la pièce rend parfaitement compte de la situation présente et des drames de la vie professionnelle des "seniors" : acharnement à demeurer performant, difficulté à faire face aux mises à l'écart, à la dégradation de l'estime de soi et volonté maladroite de trouver de nouvelles raisons d'espérer, aussi vaines les unes que les autres. Jusqu'à l'ultime échec de la revanche dont il rêvait qui l'enfonce dans la dépression et le conduit à la disparition par suicide. 

 

Dominique Pitoiset vient de reprendre la pièce et il la promène en France. Courrez la voir si elle passe près de chez vous. Vous ne regretterez pas cette traversée à la fois noire et bonhomme d'un moment de vie qui ne manquera pas de vous remémorer certaines situations actuelles.

 

De surcroît, la langue, simple et belle, apporte sa part de grandeur à ce drame quotidien dont émerge la belle figure de l'épouse aimante, soutenante qui sait voir et ne pas juger l'enfoncement de Willy Loman. Émotion garantie.

 

Partager cet article
Repost0
28 avril 2012 6 28 /04 /avril /2012 23:10

RéalitéPaul Watzlawick

 

La réalité de la réalité

Confusion, désinformation, communication

 

Traduit par Edgar Roskis

Première édition Random House, New-York et Toronto, 1976

Éditions du Seuil, Paris 1978 – Collection Points essais, 1984

 

Cet ouvrage de référence, publié en 1976 par Paul Watzlawick, thérapeute au Mental Research Institute de Palo Alto et professeur à Stanford, demeure aujourd’hui encore une des pierres angulaires de la pensée constructiviste. Dès la première phrase, l’auteur fixe clairement son propos en indiquant s’attacher au « procès par lequel la communication crée ce que nous appelons réalité ». Et, quelques lignes plus loin, il précise ainsi sa vision : « de toutes les illusions, la plus périlleuse consiste à penser qu’il n’existe qu’une seule réalité. En fait, ce qui existe, ce sont différentes perceptions de la réalité, dont certaines peuvent être contradictoires, et qui sont toutes des effets de la communication, non le reflet de vérités objectives et éternelles ». - Au secours Saint Thomas ! Comment puis-je encore croire ce que j’imagine voir ?

 

Particulièrement édifiante apparaît cette approche pour les gens de communication, pour les coachs et pour tous ceux qui s’intéressent aux relations humaines. P.W. la définit en l’opposant à la démarches scientifique traditionnelle en relevant que « l’interprétation scientifique dispose de deux méthodes : l’une consiste à développer une théorie pour montrer dans un deuxième temps comment les fait observables la corroborent ; l’autre présente de nombreux exemples tirés de contextes différents, puis entreprend d’en dégager, d’un point de vue pratique, la structure commune et les conclusions qui s’ensuivent. Dans la première, les exemples ont valeur de preuve ; dans la seconde, leur fonction est métaphorique et illustrative : ils sont là pour expliquer quelque chose, pour le transcrire dans un langage plus accessible, mais nécessairement dans le but de prouver quoi que ce soit. J’ai choisi la seconde approche… »

 

Beaucoup de nos pratiques se tiennent dans ces affirmations : ne pas chercher à prouver mais à illustrer, non pour démontrer une vérité transcendante mais pour aider à faire émerger la voie pragmatique vers une solution. La meilleure ? Allez savoir, mais du moment où elle est satisfaisante, elle est bonne.

 

1 – La confusion

Dès qu’il s’agit d’interactions humaines, il est important de favoriser la compréhension et de réduire la confusion, sachant toutefois que tout comportement en présence d’autrui a valeur de message et qu’en ce sens il définit et modifie le rapport entre les personnes. Une des difficultés régulièrement rencontrés par les traducteurs face aux significations multiples des messages, quand ceux-ci ne se trouvent pas affectés de la fameuse « double contrainte » (double bind). Comme lorsqu’on exige de quelqu’un un comportement qui, par sa nature même doit être spontané (ex. « sois spontané »), et qui, de ce seul fait ne peut plus l’être.

 

Mais, la confusion ne présente pas que des inconvénients. Elle aiguise aussi nos sens et notre attention aux détails. On l’utilise en psychothérapie pour transformer la vision d’une personne et le concept taoïste de wu-wei (inattention délibérée) met en évidence combien il peut être important de ne pas laisser son esprit conduire toute chose (dans l’art chevaleresque du tir à l’arc, par exemple).

 

D’ailleurs, dans les situations où nos capacités habituelles de perception et d’intelligence ne suffisent plus à fournir des réponses, nous avons recours à certaines autres capacités qui ne semblent pas gouvernées par la conscience… Où l’on retrouve la valeur du lâcher-prise !

 

2 – La désinformation

P.W. emprunte ce terme au monde du renseignement, soucieux souvent de brouiller la vision du réel que se forme l’adversaire pour provoquer chez lui des réactions obéissant à une logique fallacieuse, un peu comme les animaux soumis à des expériences de récompense arbitraire.

 

D’autant qu’il est démontré, par Alex Bavelas, « qu’une fois notre esprit emporté par une explication séduisante, une formulation la contredisant, loin d’engendrer une correction, provoquera une élaboration de l’explication ». Ce qui signifie que l’explication devient « autovalidante » en ce sens qu’elle peut se renforcer autant par une preuve de sa vérité que par sa réfutation. Et que, l’ordre et le chaos, contrairement à l’opinion générale, ne sont pas des vérités objectives mais qu’ils se trouvent déterminés par le point de vue de l’observateur. Ce que P.W. nomme « ponctuation » (i.e. point de vue) en renvoyant à titre d’exemple au vieux dilemme de l’œuf et de la poule dont l’antériorité d’un des deux termes est le seul fait du choix d’un point de vue.

 

D’ailleurs, on n’est pas obligé de croire vrai tout ce qui s’affirme, il suffit qu’on le tienne pour nécessaire. Telle est la prémisse des désinformations produites par les rumeurs comme la célèbre « rumeur d’Orléans », étudiée par Edgar Morin ou par le désir ardent que nous éprouvons de nous trouver en accord avec notre groupe de référence. De cette obligation dans laquelle nous nous trouvons de ponctuer une interaction, résultent inévitablement des règles interprétatives quant à ce qui est advenu. Et, au fur et à mesure des échanges, chaque message, quelle qu’en soit la forme, réduit inévitablement le nombre possible des mouvements suivants.

 

Il y a ainsi dans la relation intersubjective une dimension presque toujours circulaire, comme en témoigne le « dilemme des prisonniers » énoncé par Albert Trucker, professeur de mathématiques à Princeton : un magistrat tient deux hommes pour suspects d’un vol à main armée ; les preuves manquent pour porter l’affaire devant les tribunaux ; il convoque les deux hommes et leur dit avoir besoin d’aveux pour les faire inculper, sans quoi il peut seulement les poursuivre pour détention d’armes à feu, délit qui les fait encourir six mois de prison ; s’ils avouent tous les deux, il leur promet la sanction minimale pour vol à main armée, soit deux ans ; mais, si un seul avoue, il sera considéré comme témoin officiel et relaxé, tandis que l’autre écopera du maximum, soit vingt ans. Puis il les fait enfermer dans des cellules séparées à partir desquelles ils ne peuvent pas élaborer une décision commune. Que faire face à cette situation ? Ne rien dire et prendre six mois est certainement la plus économique des solutions. Mais, si l’un d’eux en vient à se demander « et si mon compagnon profitait de la situation pour avouer ? » … À partir d’ici intervient une question centrale de la relation intersubjective : « que pense-t-il que je pense qu’il pourra penser que je pense… » Ad infinitum, on retrouve alors la problématique de la désinformation et de la contre-désinformation par les services secrets ou les stratèges.

 

De fait, on confond généralement deux aspects différents de la réalité. « Le premier a trait aux propriétés purement physiques, objectivement sensibles de choses, et est intimement lié à une perception sensorielle correcte, au sens « commun » ou à une vérification objective, répétable et scientifique. Le second concerne l’attribution d’une signification et d’une valeur à ces choses et il se fonde sur la communication », distingue P.W. Pour ma part, je préfère réserver le mot de « réel » au premier sens et considérer la « réalité » comme se référant au second.

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Le blog de Patrick Lamarque
  • : Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
  • Contact

Le fil d'Ariane

L'animation ci-dessous présente ma pratique du coaching individuel et d'équipe à destination des dirigeants. En cliquant sur l'image en bas à droite (petite croix) vous pourrez l'ouvrir en mode plein écran et, ainsi, la lire plus confortablement.

 


Recherche

Digest

 

Patrick Lamarque est conseil de dirigeants en stratégie, gestion des crises et management du changement. Il est également coach pour dirigeant privés et publics et expert en prévention des risques psychosociaux. Il opère en France et à l’étranger.


Ancien élève à l'Ecole Nationale d’Administration, Patrick Lamarque, dans les années 80, a créé la mission communication interne et maîtrise du climat social à la Ville de Paris, coordonné la communication gouvernementale auprès du Premier ministre et conseillé pour sa communication le ministre de la Défense. Dans les années 90, il dirige la communication de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux, puis celle de la Ville et de la Communauté Urbaine de Lyon. Il est ensuite appelé comme Conseiller auprès du Secrétaire d'État à la Défense, puis auprès de la Secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées avant d’être chargé de la concertation et de l’accompagnement social à la Délégation Générale pour l’Armement.


Introducteur des études qualitatives dans l’analyse politique il a développé ces méthodes pour structurer une démarche globale de maîtrise du climat interne de l’entreprise. Il a développé une approche novatrice d’entretiens de confrontation pour la résolution de conflits.


À partir de son expérience dans la gestion de la communication de la Défense durant la première guerre du Golfe, il a créé une méthodologie de maîtrise des crises qui a fait ses preuves dans de multiples situations difficiles, lors de crises de changement, de situations d’urgence psychosociale ou de plans de sauvegarde de l’emploi.


Il a enseigné à l’ENA, au CELSA, à l’EFAP, dans plusieurs universités françaises ainsi qu’à l’École Supérieur du Commerce et des Affaires de Casablanca et à l’Université de Buenos-Aires. Il est l'auteur d’une vingtaine d’ouvrages.

 

 

 

Le jardin haïku

 

Quelques beaux poêmes

 

Dans une vieille mare,

une grenouille saute,

le bruit de l'eau.

Bashö (1644-1694)

 

 

Porté par l'obscurité.

Je croise une grande ombre

dans une paire d'yeux.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin


 

Sur la plage

je regarde en arrière

pas la moindre trace de pas.

Hosai  (1885-1926)

 

 

J'étais là moi aussi -

et sur un mur blanchi à la chaux

se rassemblent les mouches.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin

 

 

Il n'y a rien

dans mes poches -

rien que mes mains.

Kenshin (1961-1987)

 

 

Un papillon blanc sort
D'entre les rayures d'un zèbre.

Sei Imai

 

 

Plus que de l'aveugle
Du muet fait le malheur

La vue de la lune.

Kyoraï

 

 

Au coucou

Elle ne répond rien

La girouette en fer.

Seiho Awano

 

 

Un papillon
vole au milieu
de la guerre froide
Nakamura Kusatao
 

 

 

Le printemps passe.

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes.

Bashö (1644-1694)

 

 

Plutôt  que les fleurs de cerisier

Les petits pâtés !

Retour des oies sauvages.

Matsunaga Teitoku (1571-1654)

 

 

Que n'ai-je un pinceau
Qui puisse peindre les fleurs du prunier
Avec leur parfum!
Shoha
 

 


 

Quelques essais personnels

 

Le bolet doré

au couteau de l'automne

craque mollement.

P.L.

 

 

La nuit est posée

l’hiver gagne la ville –

Frisson de moineau. 

P.L.


 

Un mille-pattes trébuche

-bruit de catastrophe-

entre quelques brins d'herbe.

P.L.


 

Cul grisâtre 

d'une bouteille lancée

dans la mer étroite -

bonjour Trieste.

P.L.

 

 

Goutte à goutte

- loupes hallucinées -

le toit s'égoutte.

P.L.

 

 

Au profond de la nuit

rentrent les meurtriers

le devoir accompli.

P.L.

 

 

Tendu comme un arc,

l'hiver scarifie

d'une autre ride le visage.

P.L.

 

 

Dans la nuit luisante

résonnent des pas

- un chien lève la patte -

P.L.

 

 

Inconsciente,

la rue se rue

vers sa fin.

P.L.

 

 

Au bal de la nuit

aux phalènes,

le pied glisse

sur les cadavres joyeux.

P.L.

 

 

La brume

nappe le relief

du jardin myope.

PL

 

 

Le rictus du caïman

remonte à l'oeil qui pétille.

Sa proie lui sourit.

PL

 

 

Le lacet défait

flâne près du soulier -

Le nez au vent.

PL

 

 

Elle a renversé son sac

à la recherche de ses clés -

Sourire amusé.

PL

 

 

Elle s'est jetée dans l'étang -

La lune abîmée

de désespoir.

PL

 

 

Où va la nuit dans le noir

quand je me retiens

de bouger et de vouloir?

PL

 

 

Le temps de la cigale

stridule sans fin,

puis tombe la nuit.

PL

 

 

Les bras écartés

il surgit de la neige

l'épouvantail brun.

PL

 

 

Aux oiseaux inquiets

l'épouvantail tend les bras -

Je crais pour ma vie.

PL

 

 

Le crabe rougit

découvrant la baigneuse -

L'eau s'est troublée.

PL

 

Le coin des livres


Réalité

Ch. André Psycho de la peur

Bruno


Precht


Billeter

Rencontres


Ch André


Savoir attendre

Gilligan

EKR

Cyrulnik-Morin


Dejours light
Cyrulnik light
Talaouit
41yAu4IM-BL. SL500 AA300
MFH

Daewoo

 


La phrase du moment

Rien n'est plus pratique qu'une bonne théorie - Kurt Lewin.

 

Patrick Lamarque

Créez votre badge