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Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours

Voulez-vous résister au stress ?

Voulez-vous résister au stress ?

Pourquoi certains font-ils une « crise de nerfs » s’ils attendent plus de cinq minutes à un guichet quand d'autres patientent? Comment se fait-il que certains trouvent plaisir à sauter en parachute quand d’autres tremblent à l’idée de prendre l'avion? Que dire à ceux et celles qui ne se remettent jamais de la mort de leur conjoint ?

C'est en grande partie une question de personnalité et d'expériences de vie. Mais l'intensité de la réaction dépend essentiellement de la perception par le cerveau d’une situation plus ou moins dangereuse, contraignante ou exigeante.

Un mécanisme d’alerte

Le processus mental mis en marche par l'apparition d'un agent stressant (appelé « stresseur ») comprend deux étapes.

D’abord, le cerveau évalue la dangerosité d'un stimulus. Dans quelle mesure est-il mauvais pour moi? Pour une large part, cette évaluation se fait de façon inconsciente, à l'aide de perceptions, de pensées, d'émotions, de concepts et de raisonnements éminemment subjectifs. C’est au cœur de cerveau le plus archaïque ( le cerveau « reptilien » que nous partageons avec l’ensemble du règne animal) que sonne l’alerte. Mais, avant de procéder à la mobilisation de nos ressources, un tri se fait dans le cortex frontal, afin d’évaluer la réalité de la menace.

À l’occasion de ce tri, nous évaluons nos ressources disponibles pour faire face. Ces ressources peuvent être de diverses natures : physique (ai-je la santé, la force, l'énergie?), matérielle ( pourrais-je trouver l'argent, l'outil, le support ?), sociale (mes amis, mes collègues, ma famille peuvent-ils m'aider?), psychologique (suis-je capable? Cela en vaut-il la peine?), et aussi, ai-je le temps ?

Plus les réponses à ces deux questions sont négatives, plus le signal envoyé par le cerveau au métabolisme est à un niveau élevé d'alarme, plus les réactions physiologiques sont intenses pouvant aller jusqu’à l'évanouissement, voire à la crise d'apoplexie.

La thérapie cognitivo-comportementale

Les approches qui visent à aider de façon durable les personnes aux prises avec des problèmes de stress - ces programmes dits de réduction ou de gestion de stress - axent une partie importante du travail sur la modification de l'attitude. Celle adoptée jusqu'à présent pour ce type de stresseurs est peut-être nocive.

Selon les théories actuelles de l'apprentissage, une grande partie du comportement humain est le résultat de ce qui a été appris (par opposition à ce qui est inné) et ancré au fil d'innombrables expériences de renforcement. Pour apporter un changement, il faut rendre conscientes les pensées (le processus cognitif) engendré par les agents stressants et comprendre comment elles déterminent les réactions émotives et le choix des stratégies d'action.

Changer la façon dont fonctionne le processus cognitif dans une situation donnée, soit opérer une « restructuration cognitive » consiste à modifier la façon dont on se comporte dans une situation donnée. Tel est l’objet de la thérapie cognitivo-comportementale.

Le lâcher-prise

Lorsque, dans le noir, on prend la corde enroulée dans un coin pour un python, on a aussi peur que s’il s’agissait d’un vrai. La thérapie cognitivo-comportementale Intervient ici pour développer des mécanismes de vérification, susceptibles d'améliorer la justesse de nos évaluations, tant sur la nature du « danger » que sur nos ressources disponibles pour le surmonter.

Faut-il en déduire que le stress est toujours un comportement inapproprié? Pas nécessairement. C'est parfois un comportement normal face une situation anormale. Alors,  nous devons comprendre les choix de vie qui nous placent dans une telle situation. Ou questionner les normes sociales auxquelles nous nous sommes pliés jusque-là.

Cependant, les manifestations de stress possèdent une réelle utilité comme signaux d'alarme. Faut-il encore évaluer correctement la menace et les impacts qu’elles ont sur nous. Et, l’on constate souvent qu’elles ressemblent plus à notre corde enroulée qu’au python assassin.  Faire appel à une aide extérieure permet alors de faciliter et accélérer cette adaptation.

Fréquemment, il faut remonter au-delà des causes de stress et effectuer des changements dans notre mode de vie : régler un conflit latent, abandonner une responsabilité, faire respecter ses contraintes, etc. Ce peut être également l’occasion d’une réflexion sur la prochaine étape que nous allons avoir à franchir : s'installer dans une autre ville, changer d'orientation professionnelle, gérer son temps autrement.

Il arrive, parfois, que les solutions se révélent aussi stressantes que le problème (se retrouver sans emploi, supporter un patron acariâtre). Il faut alors poursuivre l'exploration psychothérapeutique pour identifier la meilleure solution ou, dans certains cas, accepter qu'il n'y ait pas de solution. Nous apprenons alors ce que l’on nomme le « lâcher-prise ».

D’autres fois, nous créons nous-mêmes ou nous aggravons notre propre stress. C’est le cas lorsque, face à une tâche que nous n’aimons pas, nous procrastinons. Or, non seulement ces tâches ne disparaissent pas, elles s'accumulent et forment, à la longue, un agent stresseur qui s’autoalimente.

Une approche cognitivo-comportementale nous permet de mieux observer notre désorganisation ou nos mécanismes de procrastination pour les modifier - ce qui demande un réel effort-. Parmi les agents internes de stress, outre la procrastination, on rencontre aussi les attentes irréalistes, le perfectionnisme, le désir de bien paraître, le manque de communication, une mauvaise gestion de la colère, etc.

Modifier ces attitudes est un travail exigeant et de longue haleine. Mais, il apporte une grande satisfaction et redonne accès à une immense partie de la vitalité et de la créativité, monopolisées jusqu'alors par une vaine lutte contre un stress dévorant.

 

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