Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
24 heures après la publication du classement en rouge ou orange des entreprises n’ayant pas conclu d’accord sur le stress, le site du ministère du Travail s'est trouvé contraint d'en effacer la liste. L’anecdote en dit long sur l'efficacité dece classement qui devait provoquer un effet « name and shame », autrement dit « nommer et faire honte ». Vendredi matin, les listes d’entreprises classées rouge et orange en matière de prévention du stress. ont donc été retirées du site du Ministère.
Vous vous souvenez que le gouvernement avait invité par courrier les entreprises de plus de 1 000 salariés à engager avant le 1er février des négociations en vue d’accords ou de plans d’action sur les risques psychosociaux. Quinze jours après cette date, il s'agissait d'attribuer un "carton vert" à celles qui avaient conclu un accord avec les syndicats, orange à celles chez qui les négociations étaient en cours, et un "carton rouge" aux entreprises qui n’avaient pas entamé de démarches. PSA, GDF Suez, la Sodexo étaient ainsi dans le vert, tandis que France Télécom, Decathlon, Sony arboraient l'orange et Picard, GSK, Alyzia, restaient franchement dans le rouge.
L’initiative ministérielle frappait déjà par sa globalité expéditive, puisqu'il s'agissait de remarquer la simple incitation à conclure un accord, sans s'intéresser à son contenu ni, a fortiori, en contrôler les effets réels sur les conditions de travail. Des syndicats de sociétés classées en vert, comme la Fnac, avaient d’ailleurs contesté le bon point donné à leur direction en dépit d’une situation catastrophique pour les salariés.
Mais, ce n'est pas leur voix qui a compté. À l’inverse, la réaction des entreprises stigmatisées a contraint le ministère à un repli précipité : « à l’issue de la première classification, de nombreuses entreprises classées en rouge ou en orange ont fait part de leurs intentions d’engager ou de poursuivre des démarches en matière de lutte contre le stress. Nous nous employons à préparer une nouvelle photographie de la situation des entreprises », indique ainsi le site Internet du ministère pour justifier la disparition des listes rouge et orange, alors que la liste verte, elle, peut toujours être consultée !
Dur, ce retour aux bons points et aux bonnets d'âne pour l'ancien ministre de l'éducation...