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Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours

Comment surmonter une crise d’angoisse ?

images copie 11Personne n'est vacciné contre une crise d'angoisse, de panique, une phobie ou une dépression. Paradoxalement ce sont ceux qui se croient les plus forts qui sont les plus exposées. Mais une crise d'angoisse révèle souvent un esprit intelligent et courageux, aimant prendre des risques dont on ne mesure souvent pas les conséquences.

 

Sans entrer dans des considérations techniques, on peut dire qu’angoisse ou dépression sont proches. Tout dépend de la nature de chacun et comment les contenus émotionnels s’expriment. Une crise d’angoisse peut survenir en tout moment, même si on pense que tout va bien.

 

Ce n’est pas avec des considérations intellectuelles qu’on guérit. Il faut être en contact avec ses émotions, accepter la dépression sous-jacente. Il faut faire sortir la tristesse enfouie. Le contenu de la crise, ou ce qui l’a déclenché ne donne toujours pas d’indications sur l’émotion qui la provoque. On peut avoir peur des chats et que la nature de la phobie n’ait rien à voir avec les chats, avec les animaux...

 

Les étapes

On observe trois étapes dans une crise d’angoisse ou manifestation phobique. La première, et la plus spectaculaire, est la crise de panique. Quelque soit sa durée, pendant cette période on ne peut rien faire, l’esprit apparaît comme grippé. Le sujet éprouve le sentiment de devenir fou, que tout s’écroule ou se désagrège autour de lui.

 

Ce n’est que plus tard, quand il peut réfléchir un peu, qu’il commence à associer les éléments signifiants : à quel moment la crise est-elle apparue ? Qu’est qu’il faisait alors ? À quoi pensait-il ? Qu’a-t-il vu ou entendu ? Quels souvenirs ou association ont réveillés ce qu’il a vu ou entendu. ? C’est à ce moment qu’il peut commencer à faire des associations avec sa vie, passée, présente ou à venir et qu’il peut accéder aux premiers indices. Quelle est l’histoire récente ? Une séparation ? La perte d’un être proche ? Un changement de situation ? Un changement de travail ou de lieu ?

 

Paradoxalement, les gens les plus habitués à faire face à des situations stressantes, se croyant psychologiquement forts, sont les plus exposés à une crise d’angoisse. Ils manifestent un comportement héroïque en permanence. Pourtant les deuils, la tristesse, sont nécessaires. Ils permettent la résilience. Ce n’est pas en refoulant qu’on guérit.

 

Garder à l’esprit qu’aux moments de fragilité psychologique, la moindre contrariété, qu’en conditions normales serait vécue comme un incident sans importance, prend des dimensions disproportionnées, et ça risque d’amplifier la peur.

 

Ce qu’il ne faut pas faire

> Partir en vacances ou en week-end, se dépayser, sous prétexte de « se reposer » : c’est à ce moment-là qu’on a besoin d’être entouré de ses repères quotidiens.

 

> S’arrêter de travailler. Si le travail plaît, valorise, il ne faut pas s’arrêter, même si c’est plus dur que dans des circonstances normales. Il faut même se forcer à travailler et à faire face à ses responsabilités (du moins quand il reste du travail à accomplir).

 

> Parler à quelqu’un qui ne peut pas comprendre, et qui risque de perturber le sujet davantage. Les conseils des amis invasifs qui n’ont pas vécu des expériences semblables, et qui n’ont pas les mêmes valeurs sont inutiles.

 

En revanche, il est possible de parler à quelqu’un qui sait écouter sans proposer de solution péremptoire C’est là qu’on mesure la place et le rôle du soutien.

 

> Prendre des décisions importantes. Dans ces circonstances on n’a pas la clarté d’esprit pour mesurer les conséquences d’une décision importante. On est pressé de sortir de l’impasse, on souffre, on croit avoir trouvé une solution : une séparation, une colère, un règlement de comptes, démissionner de son travail, changer de situation, avouer un secret qui peut avoir des conséquences irréversibles, etc. Attendre d’aller mieux est essentiel, car l’attente permet d’envisager autrement la situation.

 

> Désespérer, croire que ça ne s’arrangera jamais. C’est la première idée qui vient à l’esprit. Le sujet croit être devenu fou, qu’il va mourir ou qu’il a la maladie d’Alzheimer. Rien de cela n’est vrai. L’angoisse n’est pas la folie. Il faut accepter de se trouver dans une situation nouvelle qu’il faut apprendre à gérer.

 

L’organisme a les ressources nécessaires pour trouver son propre équilibre. La guérison est inéluctable, mais il faut travailler dans la bonne direction pour l’accélérer.

 

La prière, la méditation, la relaxation, le yoga, d’accord si ça aide le sujet ! Mais ce sont des palliatifs. Le vrai travail consiste à penser à sa réalité, à son histoire, à sa place dans la société, aux relations avec ses proches, aux évènements récents vécus et à vivre. C’est là que peut se trouver la clé.

 

La crise passée, il est normal d’éprouver un sentiment de tristesse. C’est le signe que tout commence à se réparer. Au lieu d’échapper à la tristesse il doit la laisser s’exprimer. Pas de fausse joie, comme un clown drôle qui refoule sa tristesse. Et de toute façon, la tristesse est plus structurante que le refoulement, et c’est à partir de là que les plaies commencent à cicatriser et qu’un nouvel avenir peut se dessiner.

 

Ce qu’il faut faire

> Le sujet doit être incité à rassurer son entourage, lui démontrer qu’il est digne de confiance même s’il va mal. Les gens ont très peur de ce qui échappe à leur propre conception de la normalité. Celui qui n’a jamais vécu une histoire pareille ne peut pas comprendre. Sans avoir besoin de mentir en disant que tout va très bien, le regard que renvoie l’entourage sera apaisant et facilitera le rétablissement de repères.

 

> S’accrocher à la réalité. Pas de guérisseurs. Pas de magiciens. Pas de sectes. Pas d’astrologie. Et surtout consulter un psy ou si l’on y est déjà, y foncer. C’est leur profession.

 

> Se faire plaisir, sentir ses sens, son corps. Se sentir exister. Faire un sport à condition qu’il ne s’agisse pas d’un dangereux en cas de manque d’énergie ou de concentration. (Pas d’escalade, de parachutisme, de course auto, pas de natation en mer).

 

> Se mettre en valeur. Valoriser son image, surtout vis-à-vis de soi-même. S’habiller bien. Aller chez le coiffeur.

 

> Améliorer son contexte quotidien. Ranger sa maison, vivre dans une ambiance agréable.

 

Une vie prend un certain temps à se reconstruire. Le sujet passera par des hauts et des bas. Il ne peut pas prétendre aller mieux du jour au lendemain, mais il gagnera à observez attentivement comment le monde s’illumine un peu plus chaque jour.

 

Finalement, traverser une crise d’angoisse est plutôt un signe d’intelligence, d’un esprit sensible et courageux. Ceux qui vivent dans un état de protection permanent, ceux qui ne prennent pas de risques, qui ne sont pas capables de relever tous les défis que la vie jette sur leur passage ne connaissent pas les crises d’angoisse.

 

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