Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
En mai 2011, Carrefour santé social avait lancé un sondage auprès de plus de 5000 agents de l’Education Nationale, concernant les risques psychosociaux, l’épuisement professionnel et les troubles musculo-squelettiques (TMS). Les résultats de cette étude d’envergure nationale fait état que 24% des agents de l’Education nationale se disent en état de tension au travail, et 14% d’entre eux, en épuisement professionnel. Les plus touchés par ces troubles sont les conseillers principaux d’éducation, les personnels administratifs, les instituteurs et professeurs d'école des écoles élémentaires et les professeurs exerçant en collège.
La situation est telle qu’au cours des 12 derniers mois, une grande majorité aurait déjà connu un problème musculo-squelettique, touchant la nuque (78%), le bas du dos (75%), l’épaule (60%), le genou ou la jambe (54%). Si la prévalence des TMS ne constitue pas une spécificité des métiers de l’Education nationale, les douleurs à la nuque, au cou et dans le bas du dos sont cependant particulièrement fréquentes.
Forte demande psychologique, mais bonne latitude décisionnelle
Par ailleurs, l’enquête « Sumer », qui sert de référence en France (toutes professions confondues), confirme le malaise du corps enseignant. Elle y met ainsi en exergue une demande psychologique élevée, et montre que c'est à l'école qu'on est le plus stressé : 12% des cadres et 23% des salariés en général se disent tendus au travail, en comparaison des 24% de l’Education nationale.
En revanche, l’étude du Carrefour santé social remarque que, si les agents de l’Education nationale se trouvent soumis à une demande psychologique élevée, ils bénéficient d’une latitude décisionnelle importante. Ce dernier critère, qui correspond à la marge de manœuvre dont les personnels disposent pour assumer leur activité, contribue significativement à réduire le niveau de risque psychosocial.
Des catégories plus vulnérables que d'autres
Les principaux enseignements à retenir, se référant au modèle de Karasek, se résument comme suit :
> près d’1 agent sur 4 est tendu. Si la proportion d’actifs est identique à celle observée chez les cadres, celle des tendus est double.
> La tension au travail touche davantage certains métiers : les conseillers principaux d’éducation (CPE) et les personnels techniques et administratifs sont les plus exposés. Parmi les enseignants, les instituteurs et professeurs des écoles se trouvent relativement plus régulièrement en situation de risque. En revanche, aucune corrélation n’apparaît entre la probabilité de tension et le sexe ou l’âge.
> Le risque d’épuisement professionnel (burnout) est également supérieur pour les CPE, les personnels enseignants de l’école élémentaire et du collège, les hommes et les 55 ans et plus.
> Les personnels du premier degré sont les plus concernés par le risque d’épuisement émotionnel.
Une importante prévalence des TMS
Une grande majorité des agents déclare avoir connu un problème d’ordre musculo-squelettique au cours des douze derniers mois concernant la nuque ou le cou (78%), le bas du dos (75%), l’épaule (60%), le genou ou la jambe (54%). Selon la zone du corps, entre un tiers et plus de la moitié des répondants déclare un problème au cours des 7 derniers jours.
Ces difficultés peuvent être accompagnées de douleurs significatives à mesure que l’âge augmente. D’une manière générale, les femmes déclarent plus de problèmes que les hommes. La présence et la localisation de ces troubles musculo-squelettiques est, évidemment, à mettre en relation directe avec l’ergonomie et les exigences posturales de la profession exercée.
Téléchargez l'étude
Intitulée Etude des risques psychosociaux, de l’épuisement professionnel et des troubles musculo-squelettiques, l’enquête du Carrefour santé social a été réalisée à partir de 5 119 réponses à un questionnaire mis en ligne, entre mai et août 2011, sur le site Internet de la MGEN et de plusieurs organisations syndicales – d’où un « biais dans le profil des répondants », avec davantage d’enseignants (80 %) et de femmes (76 %), comparativement à la répartition connue des personnels de l'Éducation Nationale. Néanmoins, l'étude reste intéressante, riche et, malheureusement, la seule base dont nous disposons.