Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
L'abstention considérable du premier tour des élections régionales a été relevée par tous les spectateurs de la soirée électorale autant que par les observateurs. Mais, exclusivement en termes politiques. Or, la dimension massive du phénomène ne doit pas le cantonner à la sphère politique. Il existe bien une forte déception des citoyens mais celle-ci provient surtout du sentiment qu'ils éprouvent d'être insuffisamment protégés de la tourmente économico-sociale. Ce n'est donc pas seulement la "classe politique" ou le "Pouvoir" qui se trouvent contestés dans le silence assourdissant du parti des pêcheurs à la ligne, mais tout ce qui, d'une façon ou d'une autre pèse sur le destin de ceux qui se perçoivent comme les "petits".
Avec beaucoup d'intuition, Jean-Luc Mélenchon a évoqué, au soir du premier tour, une "insurrection civique" pour parler de ce refus qui n'est pas de circonstance mais clair et choisi. Et, ce mardi, avec d'autre mots, Alain Juppé évoqué un sentiment de trahison chez ceux qui n'avaient pas bénéficié de la mondialisation financière.
Il y a tout lieu que ces analyses le soient justes, car on voit bien que l'abstention concerne les lieux qui sont les plus à la peine. Il faut alors craindre que cette opposition sourde, puissante mais sans débouché parce qu'elle n'est pas canalisée par une protestation organisée, traverse la paroi de plus en plus poreuse que la mondialisation a installée entre la sphère du politique et celle des entreprises. Alors il faudra craindre une forme d'implosion rampante dans les unités de production, faite d'augmentation des congés maladie (comme on le constate dans les entreprises en souffrance), de réduction de la productivité et d'un défaut d'engagement des salariés jusque assez haut dans les hiérarchies.
Une insurrection professionnelle côté de l'insurrection civique pour emprunter la formule puissante de Mélenchon.