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Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours

L'anxiété sociale sous la campagne

images-1L'actuelle campagne présidentielle apporte quelques leçons surprenantes que les dirigeants d'entreprise gagneraient à méditer. Ainsi, parle-t-on beaucoup moins d'Internet et de Twitter que ces derniers mois. Non que le "modèle Obama" ait disparu, mais parce que ces médias électroniques sont désormais totalement intégrés aux stratégies des candidats. En revanche, on voit réapparaître un moyen de communication qu'on croyait rangé aux oubliettes des IIIème et IVème Républiques, ou réservé aux compétitions cantonales. Je veux dire le meeting de plein air, tenu sur un large espace ouvert pour montrer à tous, en commençant par soi-même, les moyens de sa puissance. Ce fut la Bastille et la plage du Prado pour J-L Mélenchon, la Concorde pour N. Sarkozy et l'esplanade du château de Vincennes pour F. Hollande.

 

À nous l'espace public !

Ces grands meetings et les foules qu'ils réunissent nous disent beaucoup plus que nombre de sondages sur l'état présent de l'opinion. Ils signalent un irrépressible besoin d'éprouver le coude à coude et le sentiment de puissance ressenti à l'occupation d'une rue ou d'un vaste espace public. Une énergie collective qui dépasse la simple addition des forces de chacun.

 

Ce besoin d'être forts témoigne de ce que les débats occultent : les menaces socio-économiques qui planent sur nos têtes et que nous oublions le temps de cette fête citoyenne, en sachant que ses lendemains seront douloureux. Nous éprouvons donc une profonde aspiration à être rassurés, que nous colmatons en partie par ce retour à une vieille figure de la puissance sociale et politique... en espérant confusément qu'elle intimidera les marchés financiers et qu'elle culbutera leur logique implacable. Un rêve sans doute, mais qu'importe s'il remplit pour le moment sa fonction de sécurisation.


Entendre un récit

À travers cette aspiration, c'est au sens des choses que ces foules appellent. Dans un pays qui s'est senti plier au cours des dernières années, c'est la compréhension du cours des choses qui fait défaut. Car, s'il est impossible de changer la façon dont elles vont, au moins qu'on les comprenne. Faute de quoi, c'est l'anxiété qui gagne.

 

D'où l'écho obtenu par le lyrisme de J-L Mélenchon, la campagne centrée sur la fierté d'une France forte conduite par N. Sarkozy, voire même cet oxymore de l'"espoir lucide" lancé par F. Hollande ce dimanche. A contrario, si F. Bayou ne semble pas atteindre l'étiage de sa précédente campagne, c'est probablement parce qu'il répète l'erreur de R. Barre en 1974 : les Cassandre ne font pas plus rêver qu'ils ne rassurent, surtout s'ils n'ont pas tort sur le fond.

 

Injonctions paradoxales

Si les citoyens ont besoin d'une force qui leur serve de bâton de marche et d'un récit qui soit leur boussole dans les passes difficiles, il est certain que les mêmes, dans leur situation de salariés, vivent des angoisses identiques et aspirent aux mêmes choses. Il est vrai, en effet, qu'au cours des entretiens que nous conduisons dans les entreprises, l'incompréhension des choix des dirigeants est présente à peu près partout.

 

Non que les salariés ignorent l'environnement économique international ou domestique. Au contraire, ils seraient souvent prêts à entendre un discours qui se fonderait sur ces constats assez généralement partagés. En revanche, plus que jamais, les chiffres, les statistiques et les tableaux excel sont invalidés par l'anxiété générale.

 

Au même titre que les discours en forme d'injonctions paradoxales du type "travaillez plus pour moins de sécurité dans votre emploi". Ou que les demi-réformes qui évitent les choix douloureux en laissant chacun dans un inconfort provisoire au caractère fortement anxiogène. En effet, lorsque les dirigeants ne sont pas clairs, lorsque le récit qu'ils transmettent est trop manifestement sujet à caution, en croyant apaiser les esprits ils engendrent une souffrance accrue.

 

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