Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
Conflits internes, dysfonctionnements dans la prise de décision, problèmes de recrutement et démissions qui se multiplient, absentéisme chronique, conditions de travail dégradées, turnover intensif, voire suicides… Nombreux sont les indices qui révèlent la dégradation du climat social dans une entreprise, sapent sa productivité et écornent son image. Ces situations critiques peuvent fournir l’occasion d’un audit social pour identifier les facteurs de risque en amont ou envisager des sorties de crise lorsque celle-ci a déjà éclaté. Un audit qui doit néanmoins s’insérer dans une démarche globale de résolution de crise, s’il veut garder toute son efficacité.
Il y a trois ans, France Télécom entreprenait un audit social de grande ampleur suite à la vague de suicides qui frappa ses rangs depuis la mise en place du Plan NexT. Le résultat semble porter ses fruits, puisque l’opérateur s’est depuis engagé à refonder la gestion de ses ressources humaines. Récemment, c’est La Poste qui a enclenché un audit social à titre curatif dans six régions, en réaction aux suicides de deux cadres survenus sur leurs lieux de travail au cours du mois de mars.
Au cours de cet audit, l’ex-secrétaire général de la CFDT, Jean Kaspar, a rencontré près de 500 salariés, cadres et syndicalistes qui partagent les mêmes inquiétudes concernant le management, l’organisation du travail et le manque de considération des agents. L’audit social met alors en lumière le fossé entre la politique sociale pratiquée par la direction et les attentes du personnel. D’ailleurs, selon une étude Cegos de juin 2012, 48 % des salariés considèrent que leur directeur des ressources humaines (DRH) est trop soumis à leur direction générale, et près d’un tiers des interrogés juge que leur DRH ne prend pas assez en compte le facteur humain. Au vu de ces chiffres peu flatteurs, pas de doute, les ressources humaines traversent une crise à prendre au sérieux.
Accepter d’affronter les problèmes
Dans le cadre d’une crise des ressources humaines internes, l’audit social a pour but de trouver des solutions au malaise social ambiant, à la situation qui se dégrade. C’est donc un outil à la disposition des dirigeants qui met en lumière les problèmes et risques encourus par l’entreprise. Ponctuel, il diffère des baromètres sociaux qui ne sont pas toujours suffisants pour faire remonter les dysfonctionnements et trouver des solutions.
Autre effet positif d’un audit social, l’accroissement de la motivation et la fidélisation des salariés qui se considèrent enfin écoutés et considérés par leur direction. Car, si dans les TPE et de nombreuses PME, les dirigeants s’impliquent fortement dans les ressources humaines et restent proches de leurs salariés, dans les groupes les relations entre la base et la direction sont rarement directes.
S’obliger à agir
Cependant, l’audit social ne constitue qu’un outil de diagnostic. Pour ne pas accroître les frustrations, il doit être suivi d’effets et de mesures concrètes. En effet, quand une entreprise procède à un audit social, elle suscite à la fois des craintes chez les salariés, comme celle d’être sur la sellette, mais aussi beaucoup d’espérances. Mais prendre la température d’un malade ne le guérit pas, il s’agit ensuite de trouver le bon traitement. Il en va de même pour une entreprise.
Le recours à l’audit social n’a encore rien du geste automatique pour les entreprises. Les PME, sauf situation de crise très aiguë, n’en éprouvent pas le besoin, tandis que les grands groupes s’y prêtent généralement en cas de souci ponctuel (absentéisme par exemple) ou quand les problèmes sociaux se muent en problèmes économiques coûteux.