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Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours

L’effet salutaire de la réaction en chaîne

JamalSolidarité avec ses interlocuteurs, tous autant qu’ils sont. Et confiance dans leur capacité à choisir la meilleure option pour eux. Préférence à la compréhension au lieu du jugement… Voilà quelques éléments caractéristiques de la posture de coach que partage ceux qui vouent leur énergie au développement des pays du Sud.

 

L’ouvrage qu’Yves Bourron consacre à son ami Jamal Lahoussaine en témoigne amplement. Jeune homme, il est venu des profondeurs du Souss marocain pour travailler à L’Argentière, dans une entreprise d’aluminium. Très rapidement, il s’y impose comme délégué syndical avant d’élargir ses responsabilités au plan national tout en veillant au développement de sa vallée d’adoption, à un moment où l’usine qui la faisait vivre met la clef sous la porte.

 

Continuant ses activités au Nord de la Méditerranée, il s’intéresse au développement de son coin d’origine, au flan du Toubkal, en prenant appui sur la solidarité entre Marocains de France et ceux du bled. Là gisent les expériences les plus exemplaires pour nous.

 

Celle, par exemple, qui met en pratique l’idée que, même illettrés, les personnes sont aptes à discerner leur intérêt. Par exemple, quand il s’agit d’électrifier le village, en comptant sur ses propres moyens au lieu d’attendre le déploiement onéreux et lointain des services de la compagnie nationale. L’idée aussi que, calculs faits, l’équipement collectif est meilleur que le choix individualiste du photovoltaïque.

 

Or, une fois cette option retenue par le groupe, la vie change. Les villageois apprennent la gestion coopérative. L’électricité arrivant, les femmes découvrent enfin leur intérieur tel qu’il est, hors de son ombre traditionnelle : sale et mal agencé. Alors, elles le nettoient et l’aménagent. Chacun se prend à vivre un peu mieux les soirées au lieu de se tenir autour de l’unique point lumineux que représentait le feu.

 

Après l’électricité, les avancées ne s’arrêtent plus. Vient l’eau et la fin de la corvée de l’aller-retour à la source. Puis l’école que le village se construit et l’instituteur qu’il salarie. Les femmes prennent progressivement leur place dans les décisions villageoises. Et la démarche se démultiplie de village en village, plus vite que celle des « plans d’aménagement » étatiques.

 

Un seul phénomène déclencheur, donc. Pour peu qu’il soit bien choisi et accompagné avec ténacité dans la durée, la réaction en chaîne positive se met en marche avec une surprenante vitesse.

 

Yves Bourron

Jamal - La revanche du territoire - Un migrant acteur de développement

Paris, Éditions Publisud, 2011

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