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Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours

L’ensauvagement du monde

Sauvagerie.jpgEn tant que coach, nous savons bien combien il est important de « tenir le cadre ». À savoir définir les limites de ce qui se fait ou pas, les règles touchant aux relations entre personnes, l’horizon du programme de travail en commun. Le cadre posé toute latitude est permise dans son intérieur. Il devient alors possible d’accueillir la plainte, d’écouter les frustrations, de favoriser la recherche de voies nouvelles, la créativité… pour transformer cet ensemble en un plan d’action, voire un projet de vie. Et ce principe vaut tant dans une relation duelle que dans un travail collectif.

 

Or, il semble bien qu’aujourd’hui se produise devant nos yeux un éclatement des cadres. Non leur fissurage, mais leur explosion.

 

Ne me quitte pas…Léonarda

Au plus haut niveau de l’État, qu’est devenue l’autorité quand, aussitôt après une intervention solennelle, le Président se voit contredit par une gamine vulgaire dont on se demande pour quelle bonne raison il avait accepté de la statufier en lui tendant une main bénévolente. Et ce peu de considération se retrouve dans tous les coins de journaux télévisés, quand il est relégué au banc des réservistes lorsqu’il s’agit de discuter du Proche-Orient ou qu’il faut s’insurger d’un espionnage abusif. On le retrouve aussi dans les rangs de ses « soutiens » qui se comportent comme si la récréation avait sonné, ce qui aurait fait rugir mes vieux maîtres républicains.

 

Toutefois, ce serait une erreur de regarder cette situation par le seul bout de la lorgnette politique, car il ne s’agit là que de la partie la plus visible d’un iceberg qui s’enfonce bien plus loin dans les profondeurs de la vie sociale.

 

Confiance, quand tu nous abandonne

Partout, en effet, il semble que les bornages et les règles du vivre ensemble se défassent. Voyez ces salariés de GAD qui s’entre-déchirent en considérant leurs intérêts les plus égoïstement immédiats dans une amnésie totale de la vieille « solidarité ouvrière ». Et ces dirigeants qui se défilent face à leurs responsabilités.

 

Dans nos plongées en entreprises, nous constatons régulièrement le niveau atteint par ce désinvestissement personnel à tous les étages. Sur les sociétés d’ailleurs, en dépit de leurs beaux discours, personne ne se leurre plus sur leur capacité à abandonner la troupe au bord du chemin au moindre soulèvement de sourcil d’un actionnaire minoritaire.

 

D’évidence, le beau mot de « confiance » (de fiance, foi en vieux français) est tombé en désuétude faute de servir encore. Observez ces banquiers qui refusent l’accès à un prêt si le délai de son remboursement dépasse la date de votre départ en retraite… À moins que, d’une façon ou d’une autre, vous ne disposiez déjà de l’équivalent de ce que vous entendez emprunter.


Ensauvagement

Mais, si le constat est désolant, ses conséquences ne le sont pas moins. L’histoire nous a montré que, chaque fois que le cadre s’élime, les relations civilisées reculent. L’automne arabe est là pour nous le rappeler.

 

Si bien qu’il faut craindre, pour la bonne marche de la société comme celle des affaires, un ensauvagement de notre vie collective. Un exemple, la récente visite du ministre de l’Intérieur en Guadeloupe a fait apparaître le niveau exceptionnellement élevé de la criminalité dans ce territoire où le taux de chômage flirte avec les 23% et, surtout, où plus personne n’imagine que ni le dialogue ni le pugilat ne soient à même de régler quelque litige que ce soit.

 

Ce que nous risquons, à échéance brève, c’est un ensauvagement du pays que le monde voit encore comme un des paradis de l’art de vivre.

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