La personne et ses difficultés au centre du social

Les risques psychosociaux sont devenus un phénomène central dans le fonctionnement des entreprises et des organisations. À preuve : il est désormais de moins en moins fréquent qu’appelés à traiter une situation à risque a priori circonscrite à un petit nombre de salariés, nous ne soyons pas conduits à tirer un fil qui nous impose d’explorer les principales dimensions de l’entreprise : sa conduite du changement, sa politique de ressources humaines, sa gouvernance, la vision de l’avenir, la stratégie globale….

Ce n’est désormais que par exception, dans certains cas de harcèlement, que la situation se limite à impliquer un cadre et une équipe réduite. La plupart du temps, le phénomène émergeant signale un mal-être plus large, tressé de situations récentes mal digérées et d’inquiétudes quant à l’avenir du service ou de l’entreprise. S’y conjugue souvent, une politique RH perçue comme opaque et peu équitable et une gouvernance au sommet qui demeure le nez plongé dans les compteurs de son tableau de bord et ignore tout de la situation « des gens ».

De plus, les salariés de tous niveaux sont maintenant très attentifs à l’environnement économique et social. Ce n’est pas vrai qu’ils restent centré sur leur petit univers boulot-jardin-vacances comme le croient certains responsables d’entreprise. Ils sont vite informés des stratégies des groupes concurrents, à l’autre bout de la planète, et de leur influence possible sur leur avenir personnel.

Et, ils ne croient plus au pouvoir de changement des instances habituelles de protection, syndicats, politiques ou État. Ceux-ci ne sont plus que des institutions protestataires ou compassionnelles selon les moments. Aussi, les salariés portent-ils seuls les difficultés vécues ou craintes, l’anxiété qui va avec et cette perte de confiance en soi qu’engendre un avenir qui s’opacifie. Voilà pourquoi, la personne est, aujourd’hui, une dimension incontournable du social.