Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
Pourquoi le temps file-t-il comme sable entre les doigts, et pourquoi faut-il accepter de prendre longuement son temps pour toucher à la sagesse ? Ne serait-ce pas là une habile façon de ménager les apparences en faisant mine de pouvoir freiner à sa guise le courant de la vie ?
Probablement pas car, « s’asseoir et se tenir là » (shikan taza, en zen japonais) ne s’assimile pas à une retenue crispée de l’écoulement du temps. Il induit plutôt une concentration extrême sur l’instant présent et sur l’espace dans lequel il se situe. J’entends par « espace » tant le volume d’air qui nous environne que ces multiples Autres qui l’occupent et auxquels nous aspirons à nous relier.
À l’inverse, courir après le temps c’est poursuivre sans fin une pelote déroulée, au risque un jour de découvrir qu’elle finit par avoir un bout, une extrémité stupide, une queue sans tête. S’acharner à poursuivre le temps, c’est aussi entretenir un vécu anxiogène en étant assuré que, de toutes manières, jamais elle ne pourra être maîtrisée. Le temps s’égraine, à son rythme, et c’est un fait.
Temps perspectiviste et temps circonstanciel
C’est par une autre façon d’apprécier le temps que nous cheminons mieux vers la sagesse. Un regard décentré, libéré du point de fuite et de ses visées téléologiques aux innombrables objectifs tous impossibles à atteindre. Une approche débarrassée du temps perspectiviste pour lui préférer un temps circonstanciel. Ce temps « circum instanciel » qui nous enveloppe dans l’ici et maintenant.
Un pareil choix de vie ne renie en rien les projets, les ambitions ou les défis personnels. Mais, il privilégie les petits pas immédiats aux rêves situés au-delà de l’horizon du présent. Se concentrer sur l’instant permet une insertion temporelle plus sereine, même si cela ne prévient pas les embardées ou les multiples accidents du parcours. Car la vie se parcoure mieux à pas mesurés qu’à grandes enjambées.