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Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours

Les RPS comme question de société

Travail-et-emploi-n-129 large-small130Michel Gollac (dir.)

 

Les risques psychosociaux au travail : d’une « question de société » à des questions scientifiques

 

Travail et emploi N° 129, janvier-mars 2012

 

Michel Gollac a coordonné ce numéro de Travail et emploi, la revue de la DARES (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques) qui explore par plusieurs approches croisées la question des RPS. « Mot-valise » de l’époque, certes, les RPS n’en définissent pas moins un champ social dont l’État, ses juridictions, les entreprises comme les acteurs sociaux se saisissent concrètement pour lui donner un sens opérationnel. Donc, comme le souligne Michel Gollac, ce terme « répond à une demande sociale ».

 

Épidémiologie des risques

D’un point de vue historique (article de N. Hatzfeld), l’approche RPS représente la forme présente d’un enjeu de responsabilisation des risques professionnels, apparu dès la fin du XIXème siècle autour de la question des modes de vie ouvriers. Les interrogations sur l’intensification du travail induites par le taylorisme ont conduit ensuite à l’indemnisation de certaines maladies dès 1919. Plus tard, avec l’entrée en scène de la psychologie, le durcissement des conditions de travail vient à être interrogé. Au fur et à mesure du temps, il ressort que les acteurs tendent à rationnaliser le risque à travers une approche épidémiologique qui vise à l’objectiver et à le mesurer.

 

Désajustements mal vécus

Quant aux modèles, l’approche de Karazek qui analyse les liens existant entre demande, latitude décisionnelle, support et leur impact sur la santé mentale est utilement complétée par celle issue des travaux de Siegrist, portant sur l’impact du déséquilibre du couple effort – récompense (article R. Ndjaboué, M. Vézina, C. Brisson). Il reste cependant à prendre en compte de nouveaux paramètres comme la justice organisationnelle, le leadership et la prédictibilité du travail pour élargir le niveau de notre compréhension des problématiques, questionnement qui entre en résonnance avec les travaux philosophiques d’Axel Honneth (voir mon compte-rendu sur ce blog) comme avec les constats que nous faisons à chaque étude sur le terrain.

 

Importante aussi la thématique relative aux apports des débats entre psychodynamique du travail et clinique de l’activité (article P. Molinier et A. Flottès). Il en ressort qu’il importe d’éviter de demeurer rivé à la psychologisation de la problématique de l’exercice professionnel. Les dimensions sociale et organisationnelle pèsent lourdement sur la réalité du vécu. Quant aux symptômes physiques repérés (troubles musculo-squelettiques, addictions, harcèlement, violences…), ils combinent des facteurs de prévalence totalement pluriels dont l’interaction ne peut pas être minoré et dont la dimension « genrée » mériterait un ensemble d’études dont on ressent fortement désormais le manque.

 

Enfin, la perception par les salariés d’un « désajustement » dans leur situation de travail est à l’origine de souffrances, confirmées par la littérature sur le sujet (article D. Cartron et C. Guaspare). Avec la situation du marché de l’emploi, l’écart entre poste et formation, tâche et savoirs viennent percuter la projection du salarié sur son poste et remettre en question sa conception du « bien travailler ». À la fois son esthétique et son éthique du travail.

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