Refonder l'altruisme

L'homme n'est pas, comme le prétendait Hobbes, voué à la sauvagerie. C'est un animal qui aspire au bien, à la serviabilité, à la justice et au pacifisme remarque le jeune philosophe allemand Richard David Precht. Ou, comme l'enseignait Aristote, une vie bien remplie et de image positive de soi-même représentent des constantes anthropologiques de la morale. Alors pourquoi ce sentiment que notre monde est livré tout entier à une guerre des égoïsme.

Precht se fonde sur Husserl  pour insister sur notre consubstantielle inattention à la réalité. Il s'appuie sur Georg Simmel pour souligner le caractère corrupteur de l'argent. Et il va même jusqu'à convoquer Jens Krause, specialiste des poissons pour souligner notre pulsion d'imitation. Résultat : pour l'homme, le goût de la vérité passe avant la cohérence personnelle.

Sans grandes connaissances halieutiques, notre pratique du coaching nous montre continûment  combien le besoin de cohérence personnelle est identitaire. Combien il nous vertèbre. Et combien, en effet, sauver sa propre estime de soi est, pour chacun de nous, l'enjeu qui nous permet de résister au pire.

Quant à Precht, il en déduit une réforme de la société qu'il nomme paternalisme libéral, à savoir, plus de régulation venant d'en haut et plus de liberté venant d'en bas... L'idée peut assez bien réunir les suffrages, mais les moyens de la mettre en ouevre, malheureusement, nous manquent.

Référence : Richard David Precht, l'art de ne pas être un égoïste; pour une éthique responsable, Paris, Belfond, coll. l'esprit d'ouverture, 2012, 480 p.