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Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours

Vers une société désinvestie du travail ?

TravailPlus le temps passe, moins je vois de bureaux que leurs occupants agrémentent d'objets personnels. Les photos de famille, les objets-mémoire, les souvenirs et même les plantes vertes désertent les espaces de travail. De même, en milieu industriel, les pin-up ont vidé les lieux et celles qui s'accrochent encore portent les stigmates de l'âge de leurs modèles, ressemblant de plus en plus à des publicités sur plaques émaillées pour le chocolat Meunier.


Ainsi, quand bien même les salariés ne squattent pas un espace affecté à l'heure, ils mettent de moins en moins d'eux-mêmes dans l'univers professionnel. Stratégie de protection, sans doute, conjugugée avec un sentiment désormais bien installé d'impermanence de l'emploi. Si bien que l'univers du travail se rapproche de cette agriculture qui cultive sous serres et hors sol des produits tropicaux au coeur de l'Europe du Nord : aucun investissement racinaire, disparus les liens intimement identitaires entre la personne et son métier.


En deshabitant leur travail, nos contemporains tournent inconsciemment la page d'une société dans laquelle la personnalité se construisant autour de l'acte productif, industriel d'abord, mental ensuite. Cette société moderne qui avait mis le travail émancipateur à l'honneur au siècle des Lumières, pour le déployer sur plus de 250 ans. Un certain nombre de mouvements (post-soixante-huit, babas-cool...) annonçaient ce tournant. Mais, aujourd'hui, cette tendance perd sa dimension contre-culturelle et préfigure une évolution plus générale.


Certes, le travail ne risque pas de disparaître. Mais, on doit envisager (du moins je risque l'hypothèse) qu'il devienne une option parmi d'autres, et certainement pas la plus valorisée. Comment les richesses se répartiront-elles alors? Peut-être sur la base de stratégies financières, si parallèlement le marché continue à prendre possession du monde. Un marché de plus en plus spéculatif, où les "entreprises sans usines" seront la règle, où "l'untertainment" s'imposra comme secteur dominant, et où l'effort productif deviendra le "privilège" des faibles. De ce point de vue, les nouveaux dragons qui émergent (Chine, Inde, Brésil...), nous montrent peut-être ce que sera notre avenir...

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