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10 février 2016 3 10 /02 /février /2016 13:43
Voulez-vous résister au stress ?

Pourquoi certains font-ils une « crise de nerfs » s’ils attendent plus de cinq minutes à un guichet quand d'autres patientent? Comment se fait-il que certains trouvent plaisir à sauter en parachute quand d’autres tremblent à l’idée de prendre l'avion? Que dire à ceux et celles qui ne se remettent jamais de la mort de leur conjoint ?

C'est en grande partie une question de personnalité et d'expériences de vie. Mais l'intensité de la réaction dépend essentiellement de la perception par le cerveau d’une situation plus ou moins dangereuse, contraignante ou exigeante.

Un mécanisme d’alerte

Le processus mental mis en marche par l'apparition d'un agent stressant (appelé « stresseur ») comprend deux étapes.

D’abord, le cerveau évalue la dangerosité d'un stimulus. Dans quelle mesure est-il mauvais pour moi? Pour une large part, cette évaluation se fait de façon inconsciente, à l'aide de perceptions, de pensées, d'émotions, de concepts et de raisonnements éminemment subjectifs. C’est au cœur de cerveau le plus archaïque ( le cerveau « reptilien » que nous partageons avec l’ensemble du règne animal) que sonne l’alerte. Mais, avant de procéder à la mobilisation de nos ressources, un tri se fait dans le cortex frontal, afin d’évaluer la réalité de la menace.

À l’occasion de ce tri, nous évaluons nos ressources disponibles pour faire face. Ces ressources peuvent être de diverses natures : physique (ai-je la santé, la force, l'énergie?), matérielle ( pourrais-je trouver l'argent, l'outil, le support ?), sociale (mes amis, mes collègues, ma famille peuvent-ils m'aider?), psychologique (suis-je capable? Cela en vaut-il la peine?), et aussi, ai-je le temps ?

Plus les réponses à ces deux questions sont négatives, plus le signal envoyé par le cerveau au métabolisme est à un niveau élevé d'alarme, plus les réactions physiologiques sont intenses pouvant aller jusqu’à l'évanouissement, voire à la crise d'apoplexie.

La thérapie cognitivo-comportementale

Les approches qui visent à aider de façon durable les personnes aux prises avec des problèmes de stress - ces programmes dits de réduction ou de gestion de stress - axent une partie importante du travail sur la modification de l'attitude. Celle adoptée jusqu'à présent pour ce type de stresseurs est peut-être nocive.

Selon les théories actuelles de l'apprentissage, une grande partie du comportement humain est le résultat de ce qui a été appris (par opposition à ce qui est inné) et ancré au fil d'innombrables expériences de renforcement. Pour apporter un changement, il faut rendre conscientes les pensées (le processus cognitif) engendré par les agents stressants et comprendre comment elles déterminent les réactions émotives et le choix des stratégies d'action.

Changer la façon dont fonctionne le processus cognitif dans une situation donnée, soit opérer une « restructuration cognitive » consiste à modifier la façon dont on se comporte dans une situation donnée. Tel est l’objet de la thérapie cognitivo-comportementale.

Le lâcher-prise

Lorsque, dans le noir, on prend la corde enroulée dans un coin pour un python, on a aussi peur que s’il s’agissait d’un vrai. La thérapie cognitivo-comportementale Intervient ici pour développer des mécanismes de vérification, susceptibles d'améliorer la justesse de nos évaluations, tant sur la nature du « danger » que sur nos ressources disponibles pour le surmonter.

Faut-il en déduire que le stress est toujours un comportement inapproprié? Pas nécessairement. C'est parfois un comportement normal face une situation anormale. Alors,  nous devons comprendre les choix de vie qui nous placent dans une telle situation. Ou questionner les normes sociales auxquelles nous nous sommes pliés jusque-là.

Cependant, les manifestations de stress possèdent une réelle utilité comme signaux d'alarme. Faut-il encore évaluer correctement la menace et les impacts qu’elles ont sur nous. Et, l’on constate souvent qu’elles ressemblent plus à notre corde enroulée qu’au python assassin.  Faire appel à une aide extérieure permet alors de faciliter et accélérer cette adaptation.

Fréquemment, il faut remonter au-delà des causes de stress et effectuer des changements dans notre mode de vie : régler un conflit latent, abandonner une responsabilité, faire respecter ses contraintes, etc. Ce peut être également l’occasion d’une réflexion sur la prochaine étape que nous allons avoir à franchir : s'installer dans une autre ville, changer d'orientation professionnelle, gérer son temps autrement.

Il arrive, parfois, que les solutions se révélent aussi stressantes que le problème (se retrouver sans emploi, supporter un patron acariâtre). Il faut alors poursuivre l'exploration psychothérapeutique pour identifier la meilleure solution ou, dans certains cas, accepter qu'il n'y ait pas de solution. Nous apprenons alors ce que l’on nomme le « lâcher-prise ».

D’autres fois, nous créons nous-mêmes ou nous aggravons notre propre stress. C’est le cas lorsque, face à une tâche que nous n’aimons pas, nous procrastinons. Or, non seulement ces tâches ne disparaissent pas, elles s'accumulent et forment, à la longue, un agent stresseur qui s’autoalimente.

Une approche cognitivo-comportementale nous permet de mieux observer notre désorganisation ou nos mécanismes de procrastination pour les modifier - ce qui demande un réel effort-. Parmi les agents internes de stress, outre la procrastination, on rencontre aussi les attentes irréalistes, le perfectionnisme, le désir de bien paraître, le manque de communication, une mauvaise gestion de la colère, etc.

Modifier ces attitudes est un travail exigeant et de longue haleine. Mais, il apporte une grande satisfaction et redonne accès à une immense partie de la vitalité et de la créativité, monopolisées jusqu'alors par une vaine lutte contre un stress dévorant.

 

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Présentation

  • : Le blog de Patrick Lamarque
  • : Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
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Le fil d'Ariane

L'animation ci-dessous présente ma pratique du coaching individuel et d'équipe à destination des dirigeants. En cliquant sur l'image en bas à droite (petite croix) vous pourrez l'ouvrir en mode plein écran et, ainsi, la lire plus confortablement.

 


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Patrick Lamarque est conseil de dirigeants en stratégie, gestion des crises et management du changement. Il est également coach pour dirigeant privés et publics et expert en prévention des risques psychosociaux. Il opère en France et à l’étranger.


Ancien élève à l'Ecole Nationale d’Administration, Patrick Lamarque, dans les années 80, a créé la mission communication interne et maîtrise du climat social à la Ville de Paris, coordonné la communication gouvernementale auprès du Premier ministre et conseillé pour sa communication le ministre de la Défense. Dans les années 90, il dirige la communication de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux, puis celle de la Ville et de la Communauté Urbaine de Lyon. Il est ensuite appelé comme Conseiller auprès du Secrétaire d'État à la Défense, puis auprès de la Secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées avant d’être chargé de la concertation et de l’accompagnement social à la Délégation Générale pour l’Armement.


Introducteur des études qualitatives dans l’analyse politique il a développé ces méthodes pour structurer une démarche globale de maîtrise du climat interne de l’entreprise. Il a développé une approche novatrice d’entretiens de confrontation pour la résolution de conflits.


À partir de son expérience dans la gestion de la communication de la Défense durant la première guerre du Golfe, il a créé une méthodologie de maîtrise des crises qui a fait ses preuves dans de multiples situations difficiles, lors de crises de changement, de situations d’urgence psychosociale ou de plans de sauvegarde de l’emploi.


Il a enseigné à l’ENA, au CELSA, à l’EFAP, dans plusieurs universités françaises ainsi qu’à l’École Supérieur du Commerce et des Affaires de Casablanca et à l’Université de Buenos-Aires. Il est l'auteur d’une vingtaine d’ouvrages.

 

 

 

Le jardin haïku

 

Quelques beaux poêmes

 

Dans une vieille mare,

une grenouille saute,

le bruit de l'eau.

Bashö (1644-1694)

 

 

Porté par l'obscurité.

Je croise une grande ombre

dans une paire d'yeux.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin


 

Sur la plage

je regarde en arrière

pas la moindre trace de pas.

Hosai  (1885-1926)

 

 

J'étais là moi aussi -

et sur un mur blanchi à la chaux

se rassemblent les mouches.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin

 

 

Il n'y a rien

dans mes poches -

rien que mes mains.

Kenshin (1961-1987)

 

 

Un papillon blanc sort
D'entre les rayures d'un zèbre.

Sei Imai

 

 

Plus que de l'aveugle
Du muet fait le malheur

La vue de la lune.

Kyoraï

 

 

Au coucou

Elle ne répond rien

La girouette en fer.

Seiho Awano

 

 

Un papillon
vole au milieu
de la guerre froide
Nakamura Kusatao
 

 

 

Le printemps passe.

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes.

Bashö (1644-1694)

 

 

Plutôt  que les fleurs de cerisier

Les petits pâtés !

Retour des oies sauvages.

Matsunaga Teitoku (1571-1654)

 

 

Que n'ai-je un pinceau
Qui puisse peindre les fleurs du prunier
Avec leur parfum!
Shoha
 

 


 

Quelques essais personnels

 

Le bolet doré

au couteau de l'automne

craque mollement.

P.L.

 

 

La nuit est posée

l’hiver gagne la ville –

Frisson de moineau. 

P.L.


 

Un mille-pattes trébuche

-bruit de catastrophe-

entre quelques brins d'herbe.

P.L.


 

Cul grisâtre 

d'une bouteille lancée

dans la mer étroite -

bonjour Trieste.

P.L.

 

 

Goutte à goutte

- loupes hallucinées -

le toit s'égoutte.

P.L.

 

 

Au profond de la nuit

rentrent les meurtriers

le devoir accompli.

P.L.

 

 

Tendu comme un arc,

l'hiver scarifie

d'une autre ride le visage.

P.L.

 

 

Dans la nuit luisante

résonnent des pas

- un chien lève la patte -

P.L.

 

 

Inconsciente,

la rue se rue

vers sa fin.

P.L.

 

 

Au bal de la nuit

aux phalènes,

le pied glisse

sur les cadavres joyeux.

P.L.

 

 

La brume

nappe le relief

du jardin myope.

PL

 

 

Le rictus du caïman

remonte à l'oeil qui pétille.

Sa proie lui sourit.

PL

 

 

Le lacet défait

flâne près du soulier -

Le nez au vent.

PL

 

 

Elle a renversé son sac

à la recherche de ses clés -

Sourire amusé.

PL

 

 

Elle s'est jetée dans l'étang -

La lune abîmée

de désespoir.

PL

 

 

Où va la nuit dans le noir

quand je me retiens

de bouger et de vouloir?

PL

 

 

Le temps de la cigale

stridule sans fin,

puis tombe la nuit.

PL

 

 

Les bras écartés

il surgit de la neige

l'épouvantail brun.

PL

 

 

Aux oiseaux inquiets

l'épouvantail tend les bras -

Je crais pour ma vie.

PL

 

 

Le crabe rougit

découvrant la baigneuse -

L'eau s'est troublée.

PL

 

Le coin des livres


Réalité

Ch. André Psycho de la peur

Bruno


Precht


Billeter

Rencontres


Ch André


Savoir attendre

Gilligan

EKR

Cyrulnik-Morin


Dejours light
Cyrulnik light
Talaouit
41yAu4IM-BL. SL500 AA300
MFH

Daewoo

 


La phrase du moment

Rien n'est plus pratique qu'une bonne théorie - Kurt Lewin.

 

Patrick Lamarque

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