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18 mai 2012 5 18 /05 /mai /2012 17:39

Roustang GesteIl suffit d'un geste

François Roustang

Odile Jacob, 2003



Une question : qu'est-ce qui guérit le mieux, les mots ou les gestes? La parole ou le mouvement? C'est le thème qui anime depuis plus de vingt ans François Roustang, philosophe et psychanalyste de formation, hypnothérapeute dans sa pratique.

Il est vrai que l'idée d'hypnose fait frémir, car elle traîne dans son sillage un parfum manipulatoire et l'idée d'une perte de contrôle de soi-même. D'emprise. Or, ce que propose François Roustang, avec prudence et lenteur - à l'image de sa pratique, j'imagine -, c'est précisément de nous déprendre de cette tentation de contrôler notre vie en la pensant et en l'accoutrant de mots.

Tout au contraire, sa pratique s'assimile à une "déparole qui vise à faire perdre aux mots toute signification. La parole est ici utilisée à l'envers pour introduire à l'expérience qui est non pas la recherche de sens, mais une entrée de la perception de la personne tout entière dans le sens de la vie". En somme, préférer le geste à la parole.

Il est vrai que, depuis la Renaissance au moins, nous avons considéré que la conquête de l'individuation passait par la pensée de soi quand les gestes nous rattachaient au faire et au servage. Mais, ce faisant, nous avons négligé la dimension kinesthésique du vivre. Et du penser.


Fauteuil ou divan ?
À la suite de l'expression de ces positions François Roustang introduit un premier débat, celui de la posture du patient lors de la cure. On sait, en effet, le rôle du divan chez Freud comme chez Lacan. Ici, tout au contraire, l'auteur considère que la position assise "suppose la vigilance". Comme un cavalier, le sujet retrouve son assiette dans une vigilance ouverte à ce qui advient, holiste plutôt qu'atomiste, au sens où elle demeure attentive au tout et aux relations entre ses éléments. Et simple, en sachant que "depuis que nous sommes sortis de la petite enfance, toute simplicité ne peut être que le fruit d'un long apprentissage".

Deuxième considération fondatrice, le refus de réaliser une archéologie individuelle au cours de la thérapie car les "sentiments, émotions ou souvenirs ne sont que les témoins d'un passé déjà mort". Au contraire, "les maux dont nous souffrons sont pris dans la glace de notre système relationnel". Alors, concentrons-nous moins sur l'objet que sur l'espace, propose François Roustang.

Ainsi le symptôme, objet de la plainte, prendra-t-il son sens en s'immergeant  dans une fluidité que le geste aura préalablement reconstituée. "Cette opération achevée, le symptôme n'a plus besoin d'être affublé d'un sens, il est réinstauré dans le sens et la direction de son état et de sa fonction". Donc, "peu importe de parler ou se taire! L'essentiel est de faire en sorte que la parole ne gêne pas le geste qui unifie la complexité".

Nous devons ainsi considérer que l'acte de nommer induit une diffraction, alors que la cure vise à concentrer l'attention sur la réponse la mieux adaptée au sujet. C'est d'ailleurs pourquoi le changement thérapeutique se repère à la modification du comportement qui posait problème. Et de rappeler cette phrase d'Épictète : "pour faire de quelque chose une habitude, faites-là; pour ne pas en faire une habitude, ne la faites pas; pour vous défaire d'une habitude, faites-en une autre à la place".


Perceptude
Vient alors le conseil, dans sa surprenante simplicité : "demandez à quelqu'un d'accomplir un geste qui prenne en compte tous les paramètres de son existence. S'il le peut en vérité, peu de symptômes résistent. Il en est de même si vous l'invitez à prendre une posture qui fasse disparaître son angoisse ou son mal". Mais, ceci ne se produira que dans la transe qui libère des inhibitions et des clôtures mentales.

Deuxième recommandation : supposez le problème résolu. Par là, le thérapeute communique un optimisme serein au patient, lequel n'est plus invité à penser mais à se mouvoir dans la nouvelle situation.

La parole du thérapeute se fait alors suggestive, évocatrice et ouverte, à la recherche d'images motrices pour passer de perceptions diffractées à la "perceptude", soliste, globale, systémique. Et François Roustang d'ajouter, "l'état d'hypnose, tel que je le comprends, ne serait rien d'autre que la perceptude". Son enjeu premier serait là, passer de la perception à la "perceptude".

Une voie différente de celle du coach en ce sens qu'elle transite par l'hypnose, mais un but proche et des méthodes souvent voisines : vision systémique, supposition du problème résolu, lâcher prise… Et une lecture stimulante pour les coachs et thérapeutes saisis de vertige lors d'une séance qu'ils ont le sentiment de ne plus "maîtriser"...




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Présentation

  • : Le blog de Patrick Lamarque
  • : Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
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Le fil d'Ariane

L'animation ci-dessous présente ma pratique du coaching individuel et d'équipe à destination des dirigeants. En cliquant sur l'image en bas à droite (petite croix) vous pourrez l'ouvrir en mode plein écran et, ainsi, la lire plus confortablement.

 


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Patrick Lamarque est conseil de dirigeants en stratégie, gestion des crises et management du changement. Il est également coach pour dirigeant privés et publics et expert en prévention des risques psychosociaux. Il opère en France et à l’étranger.


Ancien élève à l'Ecole Nationale d’Administration, Patrick Lamarque, dans les années 80, a créé la mission communication interne et maîtrise du climat social à la Ville de Paris, coordonné la communication gouvernementale auprès du Premier ministre et conseillé pour sa communication le ministre de la Défense. Dans les années 90, il dirige la communication de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux, puis celle de la Ville et de la Communauté Urbaine de Lyon. Il est ensuite appelé comme Conseiller auprès du Secrétaire d'État à la Défense, puis auprès de la Secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées avant d’être chargé de la concertation et de l’accompagnement social à la Délégation Générale pour l’Armement.


Introducteur des études qualitatives dans l’analyse politique il a développé ces méthodes pour structurer une démarche globale de maîtrise du climat interne de l’entreprise. Il a développé une approche novatrice d’entretiens de confrontation pour la résolution de conflits.


À partir de son expérience dans la gestion de la communication de la Défense durant la première guerre du Golfe, il a créé une méthodologie de maîtrise des crises qui a fait ses preuves dans de multiples situations difficiles, lors de crises de changement, de situations d’urgence psychosociale ou de plans de sauvegarde de l’emploi.


Il a enseigné à l’ENA, au CELSA, à l’EFAP, dans plusieurs universités françaises ainsi qu’à l’École Supérieur du Commerce et des Affaires de Casablanca et à l’Université de Buenos-Aires. Il est l'auteur d’une vingtaine d’ouvrages.

 

 

 

Le jardin haïku

 

Quelques beaux poêmes

 

Dans une vieille mare,

une grenouille saute,

le bruit de l'eau.

Bashö (1644-1694)

 

 

Porté par l'obscurité.

Je croise une grande ombre

dans une paire d'yeux.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin


 

Sur la plage

je regarde en arrière

pas la moindre trace de pas.

Hosai  (1885-1926)

 

 

J'étais là moi aussi -

et sur un mur blanchi à la chaux

se rassemblent les mouches.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin

 

 

Il n'y a rien

dans mes poches -

rien que mes mains.

Kenshin (1961-1987)

 

 

Un papillon blanc sort
D'entre les rayures d'un zèbre.

Sei Imai

 

 

Plus que de l'aveugle
Du muet fait le malheur

La vue de la lune.

Kyoraï

 

 

Au coucou

Elle ne répond rien

La girouette en fer.

Seiho Awano

 

 

Un papillon
vole au milieu
de la guerre froide
Nakamura Kusatao
 

 

 

Le printemps passe.

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes.

Bashö (1644-1694)

 

 

Plutôt  que les fleurs de cerisier

Les petits pâtés !

Retour des oies sauvages.

Matsunaga Teitoku (1571-1654)

 

 

Que n'ai-je un pinceau
Qui puisse peindre les fleurs du prunier
Avec leur parfum!
Shoha
 

 


 

Quelques essais personnels

 

Le bolet doré

au couteau de l'automne

craque mollement.

P.L.

 

 

La nuit est posée

l’hiver gagne la ville –

Frisson de moineau. 

P.L.


 

Un mille-pattes trébuche

-bruit de catastrophe-

entre quelques brins d'herbe.

P.L.


 

Cul grisâtre 

d'une bouteille lancée

dans la mer étroite -

bonjour Trieste.

P.L.

 

 

Goutte à goutte

- loupes hallucinées -

le toit s'égoutte.

P.L.

 

 

Au profond de la nuit

rentrent les meurtriers

le devoir accompli.

P.L.

 

 

Tendu comme un arc,

l'hiver scarifie

d'une autre ride le visage.

P.L.

 

 

Dans la nuit luisante

résonnent des pas

- un chien lève la patte -

P.L.

 

 

Inconsciente,

la rue se rue

vers sa fin.

P.L.

 

 

Au bal de la nuit

aux phalènes,

le pied glisse

sur les cadavres joyeux.

P.L.

 

 

La brume

nappe le relief

du jardin myope.

PL

 

 

Le rictus du caïman

remonte à l'oeil qui pétille.

Sa proie lui sourit.

PL

 

 

Le lacet défait

flâne près du soulier -

Le nez au vent.

PL

 

 

Elle a renversé son sac

à la recherche de ses clés -

Sourire amusé.

PL

 

 

Elle s'est jetée dans l'étang -

La lune abîmée

de désespoir.

PL

 

 

Où va la nuit dans le noir

quand je me retiens

de bouger et de vouloir?

PL

 

 

Le temps de la cigale

stridule sans fin,

puis tombe la nuit.

PL

 

 

Les bras écartés

il surgit de la neige

l'épouvantail brun.

PL

 

 

Aux oiseaux inquiets

l'épouvantail tend les bras -

Je crais pour ma vie.

PL

 

 

Le crabe rougit

découvrant la baigneuse -

L'eau s'est troublée.

PL

 

Le coin des livres


Réalité

Ch. André Psycho de la peur

Bruno


Precht


Billeter

Rencontres


Ch André


Savoir attendre

Gilligan

EKR

Cyrulnik-Morin


Dejours light
Cyrulnik light
Talaouit
41yAu4IM-BL. SL500 AA300
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Daewoo

 


La phrase du moment

Rien n'est plus pratique qu'une bonne théorie - Kurt Lewin.

 

Patrick Lamarque

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