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30 novembre 2012 5 30 /11 /novembre /2012 06:40

MéprisLa société du mépris

Vers une nouvelle théorie critique

 

Axel Honneth

La Découverte / Poche

Paris, 2008, 350 p.

 

Axel Honneth est au centre des débats sur les questions de reconnaissance depuis la publication en 2000 de La lutte pour la reconnaissance. Ce texte a très vite été absorbé par les théories managériales à mesure que le débat sur les risques psychosociaux s’amplifiait, tant il est vrai que tous les spécialistes du travail ont rapidement compris la place du soutien et de la reconnaissance dans la capacité des personnes à faire face au stress.

 

La revitalisation de l’école de Francfort

Pourtant, les textes d’Honneth n’ont pas pour vocation de venir compléter la trousse à outil des DRH et de leurs consultants. Successeur de Horkheimer, Adorno et Habermas à la tête de l’école de Francfort, il est surtout soucieux de reconstruire patiemment la théorie critique. Habermas avait déjà mis en relief le déficit sociologique qu’avait laissée la tradition critique, focalisée sur l’économique. Mais, s’il avait permis de « redécouvrir le social », il était resté trop centré sur l’entente intersubjective en négligeant, pour Axel Honneth, les conflits qui traversent le social et contribuent à sa formation : pour comprendre le monde qui va, il ne faut pas demeurer aveugle aux expériences morales de l’injustice et de l’offense. Il aboutit donc à la conviction qu’une théorie du conflit social, fondée sur le paradigme de la communication, fait défaut à la théorie critique. Une théorie enracinée dans le vécu et non pas une métaphysique ou une morale posées a priori et qui accorde à des gestes simples du quotidien (gestes positifs, sourires, expressions du visage…) une valeur de manifestation de cette relation morale.

 

Honneth parcourt ainsi la tradition de la philosophie sociale contemporaine pour y ajouter l’idée centrale que la lutte vise moins la préservation du soi que l’établissement de relations de reconnaissance, abordée sur la base des trois sphères les déterminant : celle de l’amour qui favorise la confiance en soi, celle du droit qui donne le respect de soi et celle de la solidarité à l’origine de l’estime de soi.

 

Souffrir d’invisibilité sociale

Il est vrai que la société regorge d’exemples de négation de la valeur sociale des individus qui les entraîne dans une expérience du mépris, laquelle affecte évidemment leur rapport à soi. À l’inverse de la tradition utilitariste de la « lutte pour l’existence », ce modèle du conflit saisit les motifs de résistance sociale et de révolte à l’aune des expériences morales vécues par les personnes. Pour Honneth, loin de constituer une menace pour l’ordre social comme chez Hobbes, le conflit est, le médium de l’intégration sociale.

 

Cette philosophie en train de se déployer conduit à accorder une attention renforcée aux pathologies du social. Ainsi ce qu’il nomme « l’invisibilité sociale » qui correspond à une modalité du mépris en niant la « valeur sociale » des personnes concernées. Avec pertinence, il introduit également l’idée que la reconnaissance précède la connaissance et remplit une fonction majeure dans le processus d’individuation avant de s’élever contre la mutation de son idéal d’émancipation en de nouvelles contraintes au service du système économique.

 

Mais, la compréhension du conflit qui se noue ici, suffira-t-elle pour répondre à l’aspiration à une vie meilleure et refonder la théorie critique ou faudra-t-il en venir à une nouvelle théorie de la lutte ?

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Présentation

  • : Le blog de Patrick Lamarque
  • : Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
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Le fil d'Ariane

L'animation ci-dessous présente ma pratique du coaching individuel et d'équipe à destination des dirigeants. En cliquant sur l'image en bas à droite (petite croix) vous pourrez l'ouvrir en mode plein écran et, ainsi, la lire plus confortablement.

 


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Patrick Lamarque est conseil de dirigeants en stratégie, gestion des crises et management du changement. Il est également coach pour dirigeant privés et publics et expert en prévention des risques psychosociaux. Il opère en France et à l’étranger.


Ancien élève à l'Ecole Nationale d’Administration, Patrick Lamarque, dans les années 80, a créé la mission communication interne et maîtrise du climat social à la Ville de Paris, coordonné la communication gouvernementale auprès du Premier ministre et conseillé pour sa communication le ministre de la Défense. Dans les années 90, il dirige la communication de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux, puis celle de la Ville et de la Communauté Urbaine de Lyon. Il est ensuite appelé comme Conseiller auprès du Secrétaire d'État à la Défense, puis auprès de la Secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées avant d’être chargé de la concertation et de l’accompagnement social à la Délégation Générale pour l’Armement.


Introducteur des études qualitatives dans l’analyse politique il a développé ces méthodes pour structurer une démarche globale de maîtrise du climat interne de l’entreprise. Il a développé une approche novatrice d’entretiens de confrontation pour la résolution de conflits.


À partir de son expérience dans la gestion de la communication de la Défense durant la première guerre du Golfe, il a créé une méthodologie de maîtrise des crises qui a fait ses preuves dans de multiples situations difficiles, lors de crises de changement, de situations d’urgence psychosociale ou de plans de sauvegarde de l’emploi.


Il a enseigné à l’ENA, au CELSA, à l’EFAP, dans plusieurs universités françaises ainsi qu’à l’École Supérieur du Commerce et des Affaires de Casablanca et à l’Université de Buenos-Aires. Il est l'auteur d’une vingtaine d’ouvrages.

 

 

 

Le jardin haïku

 

Quelques beaux poêmes

 

Dans une vieille mare,

une grenouille saute,

le bruit de l'eau.

Bashö (1644-1694)

 

 

Porté par l'obscurité.

Je croise une grande ombre

dans une paire d'yeux.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin


 

Sur la plage

je regarde en arrière

pas la moindre trace de pas.

Hosai  (1885-1926)

 

 

J'étais là moi aussi -

et sur un mur blanchi à la chaux

se rassemblent les mouches.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin

 

 

Il n'y a rien

dans mes poches -

rien que mes mains.

Kenshin (1961-1987)

 

 

Un papillon blanc sort
D'entre les rayures d'un zèbre.

Sei Imai

 

 

Plus que de l'aveugle
Du muet fait le malheur

La vue de la lune.

Kyoraï

 

 

Au coucou

Elle ne répond rien

La girouette en fer.

Seiho Awano

 

 

Un papillon
vole au milieu
de la guerre froide
Nakamura Kusatao
 

 

 

Le printemps passe.

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes.

Bashö (1644-1694)

 

 

Plutôt  que les fleurs de cerisier

Les petits pâtés !

Retour des oies sauvages.

Matsunaga Teitoku (1571-1654)

 

 

Que n'ai-je un pinceau
Qui puisse peindre les fleurs du prunier
Avec leur parfum!
Shoha
 

 


 

Quelques essais personnels

 

Le bolet doré

au couteau de l'automne

craque mollement.

P.L.

 

 

La nuit est posée

l’hiver gagne la ville –

Frisson de moineau. 

P.L.


 

Un mille-pattes trébuche

-bruit de catastrophe-

entre quelques brins d'herbe.

P.L.


 

Cul grisâtre 

d'une bouteille lancée

dans la mer étroite -

bonjour Trieste.

P.L.

 

 

Goutte à goutte

- loupes hallucinées -

le toit s'égoutte.

P.L.

 

 

Au profond de la nuit

rentrent les meurtriers

le devoir accompli.

P.L.

 

 

Tendu comme un arc,

l'hiver scarifie

d'une autre ride le visage.

P.L.

 

 

Dans la nuit luisante

résonnent des pas

- un chien lève la patte -

P.L.

 

 

Inconsciente,

la rue se rue

vers sa fin.

P.L.

 

 

Au bal de la nuit

aux phalènes,

le pied glisse

sur les cadavres joyeux.

P.L.

 

 

La brume

nappe le relief

du jardin myope.

PL

 

 

Le rictus du caïman

remonte à l'oeil qui pétille.

Sa proie lui sourit.

PL

 

 

Le lacet défait

flâne près du soulier -

Le nez au vent.

PL

 

 

Elle a renversé son sac

à la recherche de ses clés -

Sourire amusé.

PL

 

 

Elle s'est jetée dans l'étang -

La lune abîmée

de désespoir.

PL

 

 

Où va la nuit dans le noir

quand je me retiens

de bouger et de vouloir?

PL

 

 

Le temps de la cigale

stridule sans fin,

puis tombe la nuit.

PL

 

 

Les bras écartés

il surgit de la neige

l'épouvantail brun.

PL

 

 

Aux oiseaux inquiets

l'épouvantail tend les bras -

Je crais pour ma vie.

PL

 

 

Le crabe rougit

découvrant la baigneuse -

L'eau s'est troublée.

PL

 

Le coin des livres


Réalité

Ch. André Psycho de la peur

Bruno


Precht


Billeter

Rencontres


Ch André


Savoir attendre

Gilligan

EKR

Cyrulnik-Morin


Dejours light
Cyrulnik light
Talaouit
41yAu4IM-BL. SL500 AA300
MFH

Daewoo

 


La phrase du moment

Rien n'est plus pratique qu'une bonne théorie - Kurt Lewin.

 

Patrick Lamarque

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