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5 août 2013 1 05 /08 /août /2013 10:06

imagesEt si le sentiment de sécurité ou d’insécurité personnelle était devenu le facteur principal de la socialisation de nos contemporains ?

 

Tanguy s’éloigne

 

Observez autour de vous ces jeunes qui prolongent d’une bonne décennie leur insertion dans une vie stable. À 30 ou 35 ans et après souvent de bonnes études, ils demeurent sans lien durable, affectif ou professionnel. Ils ne restent plus, comme le Tanguy d’Étienne Chatiliez (2001), dans le cocon familial, sauf difficulté financière grave. Ils vont et viennent à travers des expériences de court terme et des emplois provisoires, là où les attirent les opportunités. Parfois un peu n’importe où autour de la planète.

 

Parallèlement, certains de leurs camarades – apparemment moins nombreux – constituent un couple, s’installent et font des enfants. Ceux-là sont progressivement enracinés. Dans une vie professionnelle puis sociale.

 

Ce qui différencie ces deux cohortes ne se cristallise pas autour de leur niveau socio-professionnel, car le phénomène touche toutes les catégories sociales. La distinction s’établit sur la base d’un critère dominant, celui de la sécurité. Une sécurité vécue et perçue, indépendamment de son « niveau économique » : le seul fait de détenir un revenu stable et un horizon assuré détermine la donne. Que ce revenu soit un confortable CDI, un traitement de fonctionnaire ou, même, un RSA. Alors on s’installe et on se projette dans l’avenir, même au prix de la révision de ses ambitions.

 

Quant aux moins jeunes, on sait les ravages produits dans les familles et chez les personnes concernées par la destruction du sentiment de sécurité lorsque, par exemple, disparaît l’employeur principal du bassin de vie.

 

Le paradoxe de Saint-Pétersbourg

 

En économie financière, on parle souvent d’aversion au risque, une approche issue du célèbre « paradoxe de Saint-Pétersbourg », énoncé en 1713 par Nicolas Bernoulli. Il se résume par la question suivante : pourquoi, alors que mathématiquement l’espérance de gain est infinie à un jeu, les joueurs refusent-ils de jouer tout leur argent ?

 

Évidemment, la réponse à une pareille question ne peut être que psychologique et résider dans la capacité d’une personne à prendre plus ou moins de risques sans jamais compromettre, sauf pratique addictive, son socle sécuritaire. Il paraît évident que ce socle varie d’un individu à l’autre mais qu’il se trouve aussi largement conditionné par le « climat des affaires » (pensez aux « bulles » et aux paniques boursières).

 

Il est arrivé que certains s’insurgent contre ce fait et tentent de promouvoir une véritable « éthique du risque » (François Ewald et Denis Kessler, in revue Le Débat, 2002). Ils proposèrent alors de distinguer les « courageux et les frileux » ou, risquophiles et risquophobes. Comme si l’individu ne pouvait pas, légitimement, depuis le giron de sa mère, rechercher une certaine sécurité. Comme si risque, au sens de jouer, pouvait passer du plan d’une pratique (voire d’un vice !) à celui d’une valeur. Et comme si chacun disposait aussi du même capital matériel et culturel à poser sur la table.

 

En tout cas, il est clair que la société répond aujourd’hui clairement à ce paradoxe et qu’elle exprime l’impérieux besoin d’un socle rassurant avant de pouvoir retrouver le sens du risque heureux et de l’inventivité créative. C’est là une question politique, au sens riche du mot. Elle appelle tous les dirigeants, quelle que soit leur place dans la société, à prendre conscience de la nécessité profonde, non pas de rassurer, mais d’établir un lien sûr et solide qui encorde les uns au autres les membres du collectif dont ils ont la charge.

 

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Présentation

  • : Le blog de Patrick Lamarque
  • : Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
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Le fil d'Ariane

L'animation ci-dessous présente ma pratique du coaching individuel et d'équipe à destination des dirigeants. En cliquant sur l'image en bas à droite (petite croix) vous pourrez l'ouvrir en mode plein écran et, ainsi, la lire plus confortablement.

 


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Patrick Lamarque est conseil de dirigeants en stratégie, gestion des crises et management du changement. Il est également coach pour dirigeant privés et publics et expert en prévention des risques psychosociaux. Il opère en France et à l’étranger.


Ancien élève à l'Ecole Nationale d’Administration, Patrick Lamarque, dans les années 80, a créé la mission communication interne et maîtrise du climat social à la Ville de Paris, coordonné la communication gouvernementale auprès du Premier ministre et conseillé pour sa communication le ministre de la Défense. Dans les années 90, il dirige la communication de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux, puis celle de la Ville et de la Communauté Urbaine de Lyon. Il est ensuite appelé comme Conseiller auprès du Secrétaire d'État à la Défense, puis auprès de la Secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées avant d’être chargé de la concertation et de l’accompagnement social à la Délégation Générale pour l’Armement.


Introducteur des études qualitatives dans l’analyse politique il a développé ces méthodes pour structurer une démarche globale de maîtrise du climat interne de l’entreprise. Il a développé une approche novatrice d’entretiens de confrontation pour la résolution de conflits.


À partir de son expérience dans la gestion de la communication de la Défense durant la première guerre du Golfe, il a créé une méthodologie de maîtrise des crises qui a fait ses preuves dans de multiples situations difficiles, lors de crises de changement, de situations d’urgence psychosociale ou de plans de sauvegarde de l’emploi.


Il a enseigné à l’ENA, au CELSA, à l’EFAP, dans plusieurs universités françaises ainsi qu’à l’École Supérieur du Commerce et des Affaires de Casablanca et à l’Université de Buenos-Aires. Il est l'auteur d’une vingtaine d’ouvrages.

 

 

 

Le jardin haïku

 

Quelques beaux poêmes

 

Dans une vieille mare,

une grenouille saute,

le bruit de l'eau.

Bashö (1644-1694)

 

 

Porté par l'obscurité.

Je croise une grande ombre

dans une paire d'yeux.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin


 

Sur la plage

je regarde en arrière

pas la moindre trace de pas.

Hosai  (1885-1926)

 

 

J'étais là moi aussi -

et sur un mur blanchi à la chaux

se rassemblent les mouches.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin

 

 

Il n'y a rien

dans mes poches -

rien que mes mains.

Kenshin (1961-1987)

 

 

Un papillon blanc sort
D'entre les rayures d'un zèbre.

Sei Imai

 

 

Plus que de l'aveugle
Du muet fait le malheur

La vue de la lune.

Kyoraï

 

 

Au coucou

Elle ne répond rien

La girouette en fer.

Seiho Awano

 

 

Un papillon
vole au milieu
de la guerre froide
Nakamura Kusatao
 

 

 

Le printemps passe.

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes.

Bashö (1644-1694)

 

 

Plutôt  que les fleurs de cerisier

Les petits pâtés !

Retour des oies sauvages.

Matsunaga Teitoku (1571-1654)

 

 

Que n'ai-je un pinceau
Qui puisse peindre les fleurs du prunier
Avec leur parfum!
Shoha
 

 


 

Quelques essais personnels

 

Le bolet doré

au couteau de l'automne

craque mollement.

P.L.

 

 

La nuit est posée

l’hiver gagne la ville –

Frisson de moineau. 

P.L.


 

Un mille-pattes trébuche

-bruit de catastrophe-

entre quelques brins d'herbe.

P.L.


 

Cul grisâtre 

d'une bouteille lancée

dans la mer étroite -

bonjour Trieste.

P.L.

 

 

Goutte à goutte

- loupes hallucinées -

le toit s'égoutte.

P.L.

 

 

Au profond de la nuit

rentrent les meurtriers

le devoir accompli.

P.L.

 

 

Tendu comme un arc,

l'hiver scarifie

d'une autre ride le visage.

P.L.

 

 

Dans la nuit luisante

résonnent des pas

- un chien lève la patte -

P.L.

 

 

Inconsciente,

la rue se rue

vers sa fin.

P.L.

 

 

Au bal de la nuit

aux phalènes,

le pied glisse

sur les cadavres joyeux.

P.L.

 

 

La brume

nappe le relief

du jardin myope.

PL

 

 

Le rictus du caïman

remonte à l'oeil qui pétille.

Sa proie lui sourit.

PL

 

 

Le lacet défait

flâne près du soulier -

Le nez au vent.

PL

 

 

Elle a renversé son sac

à la recherche de ses clés -

Sourire amusé.

PL

 

 

Elle s'est jetée dans l'étang -

La lune abîmée

de désespoir.

PL

 

 

Où va la nuit dans le noir

quand je me retiens

de bouger et de vouloir?

PL

 

 

Le temps de la cigale

stridule sans fin,

puis tombe la nuit.

PL

 

 

Les bras écartés

il surgit de la neige

l'épouvantail brun.

PL

 

 

Aux oiseaux inquiets

l'épouvantail tend les bras -

Je crais pour ma vie.

PL

 

 

Le crabe rougit

découvrant la baigneuse -

L'eau s'est troublée.

PL

 

Le coin des livres


Réalité

Ch. André Psycho de la peur

Bruno


Precht


Billeter

Rencontres


Ch André


Savoir attendre

Gilligan

EKR

Cyrulnik-Morin


Dejours light
Cyrulnik light
Talaouit
41yAu4IM-BL. SL500 AA300
MFH

Daewoo

 


La phrase du moment

Rien n'est plus pratique qu'une bonne théorie - Kurt Lewin.

 

Patrick Lamarque

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