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4 février 2010 4 04 /02 /février /2010 22:58
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Février 1990 - février 2010, à 20 ans d'intervalle, le même enchaînement catastrophique frappe deux marques mondialement connues à la réputation de qualité fermement établie.

> Début février 1990, un laboratoire de Caroline du Nord découvre d'infimes traces de benzène dans des bouteilles d'eau Perrier. Pas de quoi fouetter un chat aux yeux de la pourtant sévère Federal Drug Administration. Néanmoins, le 14 février, le président de Source Perrier, Gustave Leven, décide de retirer du marché mondial la totalité de ses eaux, soit 165 millions de bouteilles.

> Mardi 2 février 2010, les autorités américaines, lasses des atermoiements de Toyota, accusent l'entreprise de tarder à remédier à une défaillance de la pédale d'accélération sur certains modèles, contraignant le constructeur japonais à rappeler 8 millions de voiture dans le monde (voir Libération du 4 février qui fait une excellente double page sur le sujet).

Dans ces deux affaires, à deux décennies de distance, les mêmes erreurs se jouent en termes de gestion de crise : tentation du déni, enlisement technique, acharnement dans le silence et abcès maladroitement crevé... Comme si les leçons du passé ne servaient à rien !

L'obscur objet du déni

Pour ces entreprises orgueilleuses, l'erreur est inimaginable. Elles ont beau proclamer leur éthique de la transparence de plaquette en plaquette, l'omerta Les gagne à la vitesse d'un feu de garigue dès que l'adversité apparaît.

Perrier eût ainsi beaucoup de difficulté à révéler un secret de fabrication : l'eau ne surgit pas du sol en pétillant mais elle gagne sa propriété particulière grâce à l'ajout de gaz carbonique prélevé sur le site même de Vergèze, à 400 mètres sous terre. Quant à Toyota, pourtant un des principaux chantres du Zéro défaut, les 19 morts et les 815 accidents recensés ces dix dernières années sont exclusivement dû au fait que les clients concernés avaient un problème avec leur tapis de sol.

Mais cet acharnement à se voiler la face s'écroule soudain quand surgit un cas emblématique que les médias reprennent en boucle, comme cet appel enregistré par les secours américains à San Diego (Californie)  le 28 août dernier : "Nous sommes dans une Lexus. Nous allons vers le Nord sur la 125 et notre accélérateur est bloqué. Nous allons à 120 miles (i.e. 200 Km/h). Nous sommes en difficulté. Il n'y a plus de freins. Nous approchons de l'intersection. Nous approchons de l'intersection. Tenez bon les gars. Priez, priez... Oh ! Oh ! Oh! ". Puis, quatre morts dans la voiture écrasée.

L'enlisement dans un argumentaire technique

Dans les deux cas, la même difficulté à avouer. Perrier refusa avec acharnement de révéler son secret de production. Toyota s'enlisa dans des argumentaires peu convaincants. Les accidents étaient dus à un mauvais design du plancher et de la pédale d'accélération. Puis, la pédale elle-même fut mise en cause sans convaincre, avant que les investigations s'engagent (mais elles ne sont pas encore officiellement admises par la firme) sur la voie d'une mauvais conception du dispostif électronique (cela ne vous rappelle rien?).

Dans ces circonvolutions argumentaires, la crédibilité, gagnée au fil des années au prix de considérables efforts, s'effondre à une vitesse vertigineuse.

L'aveu mutique


Comment avouer après une pareille attitude de déni? Et comment le faire en étant crédible ? Il est si pénible de se soumettre à une pareille démarche que toutes ses fibres s'y refusent. La tentation du mutisme est grande, au point que l'on attend toujours les regrets et la contrition (pourtant si commune au Japon) du patron  et petit-fils du fondateur, Akio Toyoda. Et pour l'instant, aucun hara kiri n'est rapporté.

Aussi, lorsque l'aveu vient, il arrive comme un enfant non désiré. À l'image de cette conférence de presse organisée par Perrier dans l'espoir d'éteindre l'incendie médiatique, au cours de laquelle la chaise du président Leven s'effondra sous lui devant les caméras du monde entier.

Qu'en sera-t-il alors quand les grands patrons du groupe viendront se prosterner en public pour demander pardon?

L'abcès mal percé

Quand un crise a ainsi démarré, inutile d'espérer qu'elle se concluera brillamment. Perrier, lors de la remise de ses bouteilles sur le marché, investit en un an 20 millions de dollars dans une campagne publicitaire courageuse ("Perrier is worth waiting for" ou "Perrier mérite qu'on l'attende"). Mais, deux ans plus tard, il n'avait retrouvé que 60% de ses parts de marché.

De parts de marché, il en est d'ailleurs question puisque certains observateurs considèrent que Toyota a volontairement étouffé l'affaire pour passer devant ses concurrents américains lorsque ceux-ci se trouvaient au bord de la faillite. Mais qu'adviendra-t-il avec les "class actions" qui se préparent aux États-Unis et au Canada tandis que le titre est attaqué en bourse?...

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Présentation

  • : Le blog de Patrick Lamarque
  • : Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
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Le fil d'Ariane

L'animation ci-dessous présente ma pratique du coaching individuel et d'équipe à destination des dirigeants. En cliquant sur l'image en bas à droite (petite croix) vous pourrez l'ouvrir en mode plein écran et, ainsi, la lire plus confortablement.

 


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Patrick Lamarque est conseil de dirigeants en stratégie, gestion des crises et management du changement. Il est également coach pour dirigeant privés et publics et expert en prévention des risques psychosociaux. Il opère en France et à l’étranger.


Ancien élève à l'Ecole Nationale d’Administration, Patrick Lamarque, dans les années 80, a créé la mission communication interne et maîtrise du climat social à la Ville de Paris, coordonné la communication gouvernementale auprès du Premier ministre et conseillé pour sa communication le ministre de la Défense. Dans les années 90, il dirige la communication de la Chambre de Commerce et d’Industrie de Bordeaux, puis celle de la Ville et de la Communauté Urbaine de Lyon. Il est ensuite appelé comme Conseiller auprès du Secrétaire d'État à la Défense, puis auprès de la Secrétaire d’Etat aux Personnes handicapées avant d’être chargé de la concertation et de l’accompagnement social à la Délégation Générale pour l’Armement.


Introducteur des études qualitatives dans l’analyse politique il a développé ces méthodes pour structurer une démarche globale de maîtrise du climat interne de l’entreprise. Il a développé une approche novatrice d’entretiens de confrontation pour la résolution de conflits.


À partir de son expérience dans la gestion de la communication de la Défense durant la première guerre du Golfe, il a créé une méthodologie de maîtrise des crises qui a fait ses preuves dans de multiples situations difficiles, lors de crises de changement, de situations d’urgence psychosociale ou de plans de sauvegarde de l’emploi.


Il a enseigné à l’ENA, au CELSA, à l’EFAP, dans plusieurs universités françaises ainsi qu’à l’École Supérieur du Commerce et des Affaires de Casablanca et à l’Université de Buenos-Aires. Il est l'auteur d’une vingtaine d’ouvrages.

 

 

 

Le jardin haïku

 

Quelques beaux poêmes

 

Dans une vieille mare,

une grenouille saute,

le bruit de l'eau.

Bashö (1644-1694)

 

 

Porté par l'obscurité.

Je croise une grande ombre

dans une paire d'yeux.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin


 

Sur la plage

je regarde en arrière

pas la moindre trace de pas.

Hosai  (1885-1926)

 

 

J'étais là moi aussi -

et sur un mur blanchi à la chaux

se rassemblent les mouches.

Tomas Transtromer (Prix Nobel 2011), traduit par Jacques Outin

 

 

Il n'y a rien

dans mes poches -

rien que mes mains.

Kenshin (1961-1987)

 

 

Un papillon blanc sort
D'entre les rayures d'un zèbre.

Sei Imai

 

 

Plus que de l'aveugle
Du muet fait le malheur

La vue de la lune.

Kyoraï

 

 

Au coucou

Elle ne répond rien

La girouette en fer.

Seiho Awano

 

 

Un papillon
vole au milieu
de la guerre froide
Nakamura Kusatao
 

 

 

Le printemps passe.

Les oiseaux crient

Les yeux des poissons portent des larmes.

Bashö (1644-1694)

 

 

Plutôt  que les fleurs de cerisier

Les petits pâtés !

Retour des oies sauvages.

Matsunaga Teitoku (1571-1654)

 

 

Que n'ai-je un pinceau
Qui puisse peindre les fleurs du prunier
Avec leur parfum!
Shoha
 

 


 

Quelques essais personnels

 

Le bolet doré

au couteau de l'automne

craque mollement.

P.L.

 

 

La nuit est posée

l’hiver gagne la ville –

Frisson de moineau. 

P.L.


 

Un mille-pattes trébuche

-bruit de catastrophe-

entre quelques brins d'herbe.

P.L.


 

Cul grisâtre 

d'une bouteille lancée

dans la mer étroite -

bonjour Trieste.

P.L.

 

 

Goutte à goutte

- loupes hallucinées -

le toit s'égoutte.

P.L.

 

 

Au profond de la nuit

rentrent les meurtriers

le devoir accompli.

P.L.

 

 

Tendu comme un arc,

l'hiver scarifie

d'une autre ride le visage.

P.L.

 

 

Dans la nuit luisante

résonnent des pas

- un chien lève la patte -

P.L.

 

 

Inconsciente,

la rue se rue

vers sa fin.

P.L.

 

 

Au bal de la nuit

aux phalènes,

le pied glisse

sur les cadavres joyeux.

P.L.

 

 

La brume

nappe le relief

du jardin myope.

PL

 

 

Le rictus du caïman

remonte à l'oeil qui pétille.

Sa proie lui sourit.

PL

 

 

Le lacet défait

flâne près du soulier -

Le nez au vent.

PL

 

 

Elle a renversé son sac

à la recherche de ses clés -

Sourire amusé.

PL

 

 

Elle s'est jetée dans l'étang -

La lune abîmée

de désespoir.

PL

 

 

Où va la nuit dans le noir

quand je me retiens

de bouger et de vouloir?

PL

 

 

Le temps de la cigale

stridule sans fin,

puis tombe la nuit.

PL

 

 

Les bras écartés

il surgit de la neige

l'épouvantail brun.

PL

 

 

Aux oiseaux inquiets

l'épouvantail tend les bras -

Je crais pour ma vie.

PL

 

 

Le crabe rougit

découvrant la baigneuse -

L'eau s'est troublée.

PL

 

Le coin des livres


Réalité

Ch. André Psycho de la peur

Bruno


Precht


Billeter

Rencontres


Ch André


Savoir attendre

Gilligan

EKR

Cyrulnik-Morin


Dejours light
Cyrulnik light
Talaouit
41yAu4IM-BL. SL500 AA300
MFH

Daewoo

 


La phrase du moment

Rien n'est plus pratique qu'une bonne théorie - Kurt Lewin.

 

Patrick Lamarque

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