Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours
Peurs en tous genres et principe de précaution poussé aux extrêmes tétanisent notre époque au détriment de l'idée de progrès qui suppose optimisme, foi en soi et en l'avenir... ainsi qu'un goût de l'aventure.
De l'aventure, plus que du risque contrairement à la théorie de Denis Kessler qui opposait, en son temps, "risquophiles" et "risquophobes", au prix d'un anathème sur une large part de nos concitoyens dont, notamment les salariés. Car les capitaines d'entreprises (de PME, souvent) qui perpétuent la figure de l'entrepreneur, chère à Joseph Schumpeter, ne témoignent pas d'une passion du risque. Ils recherchent plutôt le sens d'une aventure faite d'innovation, de relations humaines, de partage d'objectifs mobilisateurs.
Et qu'on ne prétende pas qu'avec la financiarisation de l'économie qui, quoiqu'on dise est en train de reconstituer ses anciennes habitudes (ex : près de 50 millions d'euros distribués aux dix salariés les mieux payés de BNP), ce sont les traders qui représentent les "risquophiles" d'aujourd'hui : ils n'ont pas plus le goût de l'aventure que celui du risque. C'est à un jeu intellectuel, mi-poker mi-roulette, qu'ils se plaisent.
Si nous voulons donc dépasser cet "âge de la peur", qui dure tout de même depuis les années quatre-vingt en s'aggravant progressivement, il nous faut reconstruire un contrat social qui tout à la fois sécurise les parcours et les situations individuelles et qui valorise les initiatives créatrices. Dans l'ensemble de la société, de l'entreprise au social en passant par la culture. Car une civilisation développée ne peut pas s'amputer d'une part d'elle-même.
Chacun à notre place, nous devons y contribuer. D'autant que nous vivons une époque qui, en même temps qu'elle s'angoisse, voit les responsabilités sociales se redistribuer (ONG, Internet, mobilisations de toute nature).
Non, aversion pour le risque ou pas, je ne peux pas imaginer que l'idée d'aventure nous ait abandonnée.