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Mon blog professionnel, à l'attention des dirigeants d'entreprises, fait un point régulier sur les questions de management, gestion des crises. Il suit de près l'actualité sociale, les risques psychosociaux et les négociations en cours

Nuage d'hyper-précautions

Le volcan du glacier EyjafjallajokullComme des milliers de gens, je devais partir pour un voyage au long cours au moment où les avions se sont trouvés cloués au sol du fait de l'éruption de ce volcan islandais au nom imprononçable. Que faire contre la fatalité? Surtout lorsqu'elle ne nous coûte que quelques jours de loisirs et la déception des photos manquées. Et puis, qu'aurions-nous été penser si un avion s'était écrasé pour avoir mal digéré la silice répandue dans le ciel?

Il a donc fallu se réorganiser et passer plus de quatre heures à écouter l'horrible musique du call center, en plaignant les téléconseillers contraints de décevoir des paquets d'interlocuteurs sans pouvoir apporter la moindre réponse à leurs litanies de motifs impératifs de partir immédiatement.

Sauf que maintenant on s'interroge pour savoir s'il n'y a pas eu, ici encore, abus du principe de précaution. La mécanique serait assez voisine de celle qui a causé la grande peur de la grippe H1N1. Voilà donc des spécialistes qui, prenant en compte les mouvements des vents et la teneur en silice expulsée par la gueule du volcan, ont pris le maximum de garanties pour ne pas se voir reprocher, un jour peut-être, une coupable négligence.

Ainsi se met en branle le principe d'hyper-précaution à partir d'une timidité de bureau, toute banale. Partant de ce premier élément, chacun se met à se protéger, faisant claquer les parapluies plus fort encore que la fureur du volcan (du moins entendu depuis Paris!).

glaciation de la gouvernance

Je ne peux prétendre qu'il y ait eu risque ou pas risque au-dessus de nos têtes, en Europe de l'Ouest. Je prétends pas qu'il fallait laisser aller les avions en considérant que nos frontières avaient déjà démontré leur étanchéité lors de l'affaire du nuage de Tchernobyl. Mais, pourquoi diable a-t-on laissé un modèle mathématique décider de ce qu'il fallait faire? Ne pouvait-on pas lancer une cartographie réelle et non théorique du nuage en recourant aux moyens d'observation dont nous disposons pour assurer des prélèvements : essais d'avions comme l'ont fait certaines compagnies (dont la neutralité scientifique n'est pas prouvée), prélèvements par ballons sondes...

Bref, ne pouvait-on pas réagir à la crise, au niveau européen, sans hystérie précautionneuse ni pensée magique sur la fiabilité de notre aéronautique?

Il y a là un réel problème de gouvernance. Nos dirigeants se plaignent de ne plus disposer d'espace pour exercer leurs responsabilités, en matière de crise économique notamment, mais ils se refusent à les prendre lorsqu'ils peuvent le faire. Exemple de l'extension de cette glaciation de la gouvernance : à part Medvedev, ni Merkel, ni Sarkozy, ni Van Rompuy, ni Barroso n'ont eu l'idée d'affréter un train ou des hélicoptères pour se rendre à Cracovie dimanche afin d'accompagner les Polonais dans le deuil de leur Président. Qu'ils n'aillent pas demain leur reprocher leur euro-scepticisme.

En tout cas, ce n'est pas ainsi qu'on peut faire fonctionner une société complexe, sinon sa vulnérabilité au moindre grain de silice finira par avoir raison d'elle.

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